lundi 23 juillet 2012

QUATRE (4) CENT-TRENTE-CINQ (35)


Est-ce facile, pour vous, de lire de la poésie en plein été?
Avant de répondre, faites le test avec ce poème aller et retour dans lequel vous percevrez certainement une influence vietnamienne. Parlant Vietnam, le dernier volet du bilan entrepris ici devrait arriver bientôt. Le Crapaud, parfois... même souvent, hésite avant de sauter, puis après mille et une tergiversations, il se lance.

aller et retour

son chemin suit la même route
court infini
note sans faute
symphonie mineure du matin

elle marchait
traînant ses savates de pluie
s'arrêtait
aux carrefours crucifiés
déposait le poids des heures fatiguées
personne ne la remarque
quelques casques plombés
guerres oubliées puis reprises
celles de la mémoire
qui ruissellent encore
sur la peau de la femme

aux feuilles des arbres
longs éternels
léger tremblement
symphonie majeure d'après-midi

son chemin de retour
le même encore
croise la lueur du soir
s'harmonise à la nuit
aux cris des sirènes

au bout des étoiles
pâles étouffées
des comètes fulgurantes
hurlent à fendre les têtes
des hymnes mortuaires

et
si elle ne revenait plus
immobile dans sa paralysie
prostrée devant le regard des autres
ceux qui ne savent toujours pas
que la vie est un long aller et retour

Au prochain saut



mardi 17 juillet 2012

Dur dur d'écrire...

Tante Madeleine
... et je ne sais trop pourquoi.

Certainement pas en raison de la chaleur - ici, après trois journées au cours desquelles le mercure stationne ou dépasse les 30 degrés Celcius, on parle de canicule - puisque mon système reconnaît illico ce genre de température et s'y adapte rapidement.

Certainement pas en raison du contenu de mes cahiers de lecture qui attendent stoïquement que je les feuillette et y puise quelques petits trésors pour les déposer ici sur LE CRAPAUD... je les remplis actuellement plus vite que je ne les vide.

Certainement pas en raison de l'actualité autant nationale qu'internationale qui foisonne de sujets dans lesquels mordre serait un plaisir.

Certainement pas en raison d'un manque de temps ou d'une mauvaise gestion du temps car mon rythme de vie campagnard - disons plutôt villageois - me permettrait amplement de le faire..

Certainement pas en raison de manque de poèmes à travailler; ils dorment sur un Word quelconque et lorsque je m'y attarde, ça avance.

Alors? Pourquoi est-ce si «dur dur d'écrire»?

Mon ami Mario, l'écrivain professionnel qui a à son actif plus d'une douzaine de romans publiés et besogne actuellement sur deux ou quatre à la fois, s'interrogeant sur des questions littéraires et fondamentales, sur la stylistique ou encore sur le bien-fondé d'écrire ou ne pas écrire, mon ami Mario me rappelle que c'est toujours «dur dur d'écrire» et qu'il faut absolument se discipliner, presque s'astreindre à une rigueur quotidienne, et au-delà de l'écriture automatique, s'obliger à coucher sur un carnet de notes ou sur une page blanche l'expression de ce qui trotte en soi et autour de soi.

Je ne serais donc ni discipliné ni ascétique. J'en conviens. Mais je conviens d'abord que je ne suis pas un écrivain. Plutôt un plumitif. Mais j'aime bien lorsqu'une image me parvient par je ne sais trop quel chemin ou quel détour de route, j'aime bien lui donner une forme écrite, c'est comme si je la dessinais pour mieux la visualiser. Comme le disait Roland Giguère: «Je peins pour parler comme j'écris pour voir.»

Indiscipliné et éparpillé. Je ne peux que me souvenir du pourquoi de ce blogue lancé en septembre 2005 alors que je revenais d'un voyage en Gaspésie complètement bourré de belles choses et de semailles d'histoires, celles du grand-père et des habitants de l'Anse-au-Griffon. Se mêlèrent à celles-ci, les citations de mes cahiers d'écriture, les vieux ainsi que les nouveaux poèmes, par après quelques petites chroniques - je pense à «un carnet d'ivoire avec des mots pâles» - par la suite, celles sur la nouvelle orthographe et les cadavres exquis. Sans oublier les récits de voyages, ceux qui furent brefs et les plus longs. Plus un florilège qu'un blogue. Un florilège d'éléments hétéroclites et éparpillés.

Dur dur d'écrire... Je remarque que lors de certaines commandes de textes pour des événements singuliers, il me faut du temps, beaucoup de temps pour arriver exactement à ce que je désire. J'ai besoin d'un premier jet, de le modifier, le remodifier et à la fin cela donne une dizaine de versions... Et jamais ce n'est tout à fait simple, encore moins facile. Lorsque je me relis, j'ai la vague impression de toujours écrire de la même manière, avec les mêmes tournures.

Nous étions, deux de mes soeurs et un de mes frères, chez la tante Madeleine qui fêtait ses 81 ans la semaine dernière et on se rappelait l'excellente plume que maniait ma grand-mère Turcotte. Elle réussissait, tout en captivant, à nous informer sur tous les membres de la famille - elle s'oubliait toujours - avec une précision à la fois concise et complète. Lire une de ses lettres a toujours été un grand plaisir. Une en particulier qu'elle m'adressait, s'excusant d'écrire si mal à un étudiant universitaire. Pourtant, si elle savait combien j'ai appris de sa façon toute personnelle de tourner les phrases, transcrire des mots et des expressions inconnus du dictionnaire mais utilisés régulièrement dans son Gentilly de pays...

Indiscipliné, éparpillé, mais j'avoue qu'une fois lancé, le rythme vient et je m'amuse... comme aujourd'hui en vous rapportant qu'il est dur dur d'écrire.

Au prochain saut

mercredi 4 juillet 2012

QUATRE ( 4) CENT-TRENTE-QUATRE ( 34 )

Alessandro Baricco

2011, sans trop de surprises, n'aura pas été une grande année en terme de lecture. Le grand changement qui a bouleversé la vie du crapaud - déménagement de Montréal à Saint-Pie - aura exigé près de quatre mois de va-et-vient avant que l'installation définitive puisse lui permettre de reprendre un tant soit peu ses habitudes de lecture. Voici quand même la liste de que j'ai lu au cours la dernière année... je sais qu'elle se présente ici autour de janvier ou février mais cette année, et ça sera certainement la même histoire pour l'an prochain, elle arrive en juillet.

Jacques Perec LA DISPARITION

Michael Delisle TIROIR NO. 24

Bertrand Gervais COMME DANS UN FILM DES FRÈRES COEN

Amos Oz UNE HISTOIRE D'AMOUR ET DE TENÈBRES

Jean Genest NOTRE-DAME-DES-FLEURS

Blaise Cendrars L'OR

J.M. Coetzee L'ÂGE DE FER

AU COEUR DE CE PAYS

Gabrielle Roy LA ROUTE D'ALTAMONT

LA MONTAGNE SECRÈTE

Jocelyne Saucier IL PLEUVAIT DES OISEAUX

Atiq Rahini MAUDIT SOIT DOISTOÏVESKI

Doris Lessing LE MONDE DE BEN

MÉMOIRES D'UNE SURVIVANTE

Jacques Benoît JE N'AVAIS QUE ONZE ANS

Jean Barbe AUTOUR DE DÉDÉ FORTIN

COMMENT DEVENIR UN MONSTRE

André Marois SA PROPRE MORT

Sofi Oksanen PURGE

Paul Auster INVISIBLE

Alessandre Baricco CETTE HISTOIRE-LÀ

NOVECENTO: PIANISTE

CHÂTEAUX DE LA COLÈRE

OCÉAN MER

CITY

Daniel Mendelshon SI BEAU, SI FRAGILE

Christian Bobin RESSUSCITER

Rina Lasnier LE JEU DE LA VOYAGÈRE

André Malraux LA CONDITION HUMAINE

Dostoïveski L'IDIOT

Mario Cyr XMAS

31 livres, 24 auteurs.

Et le coup de foudre de 2011? Après Hrabal, Coetzee, Rahini, Jean-François Beauchemin, Benacquista et Perutz, cette année compte-tenu du peu de livres lus, il y en aura qu'un seul, et pas le moindre: ALESSANDRO BARICCO.

L'auteur italien, né à Turin en 1958, est musicologue et homme de théâtre. Son premier roman (CHÂTEAUX DE LA COLÈRE) publié en 1991 lui vaudra le Prix Médicis Étranger (1995). Si vous ne l'avez pas encore lu, ces quelques citations serviront d'hameçon.


. On jouait parce que l'océan est grand, et qu'il fait peur, on jouait pour que les gens ne sentent pas le temps passer, et qu'ils oublient où ils étaient. On jouait pour les faire danser, parce que si tu danses, tu ne meurs pas, et tu te sens Dieu. (Tirée de Novecento-Pianiste)

. On n'a beau s'efforcer de vivre une seule vie, les autres verront mille autres vies dedans, et c'est pour ça qu'on n'arrive pas à faire du mal. (Tirée de Sans Sang)

. Nous sommes tous merveilleux, et nous sommes tous répugnants. (Tirée de Soie)

. Le sexe efface des tranches de vie, on n'imagine pas. C'est peut-être bête, mais les gens se serrent l'un contre l'autre avec cette fureur étrange un peu panique et la vie en ressort toute froissée, comme un billet doux serré au creux d'un poing, caché dans un geste nerveux de peur. Un peu par hasard, un peu par chance, disparaissent entre les plis de cette vie roulée en boule des portions de temps douloureuses, ou lâches, ou jamais comprises. (Tirée de Châteaux de la colère)

. Tous les chemins sont circulaires et ils ne mènent pas quelque part mais à l'intérieur de soi. (Tirée de Cette histoire-là)

. Quand le collectif bouge, quand il fait ce mouvement collectif d'entrer en résonnance avec une oeuvre, c'est que quelque chose d'immense est en jeu. (Tirée de Constellations: Mozart, Rossini, Benjamin, Adorno)

. Tout le reste était encore néant. L'inventer - c'est ça qui était merveilleux. (Tirée de Océan Mer)

. Il soutenait que l'univers était « un match joué sans arbitre » mais à sa manière croyait en Dieu. « C'est un joueur de touche qui laisse passer les hors-jeux ». (Tirée de City)

Pour ceux et celles qui ont aimé l'Iliade d'Homère, Baricco, s'inspirant de la traduction de Maria Grazia Ciani, en a réalisé un texte qu'il a lu en public à Rome et à Turin à l'automne 2004. Je vous invite à lire et relire la dernière partie du livre, celle qu'il a intitulée Une autre beauté Apostille sur la guerre.

Alessandro Baricco nous salue en disant:

Il faut toujours semer derrière soi un prétexte pour revenir, quand on part.


Au prochain saut

lundi 2 juillet 2012

N O U V E A U

Préférez-vous ainsi?

Nous allons expérimenter ce nouveau modèle et nous verrons...

À la prochaine

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