lundi 30 avril 2012

Phu Quoc: mer, collines et prison!

L'ile de Phu Quoc ne faisait pas partie de mon itinéraire initial. À la suggestion de Lisa, j'ai rencontré une ile encore sauvage où le tourisme se développe lentement, où les fruits de mer abondent et le poivre aussi renommé que celui de Madagascar laisse dans l'air une odeur mêlée. Que dire de ces forêts toujours vierges! Ces routes rudimentaires et cahotiques qui mènent de surprises en surprises, la principale étant l'extrême pauvreté de ses habitants!

L'ile de Phu Quoc recoit les eaux du Golfe de Thailande, des vagues qui se précipitent rapidement sur les berges des plages. Un sable jaune, quasi rouge, donne à la mer cette couleur brouillée qui se métamorphose en vert turquoise vers le large.

L'ile de Phu Quoc, 45 km du nord au sud, elle se déploie beaucoup moins d'est en ouest, invite à la randonnée que nous avons faite en moto. Elle nous a menés, traversant le centre tout habillé de forêts presque inquiètantes avant de nous retrouver sur des plages superbes (on pourrait aisément croire que Robinson Crusoé y a vécu), un centre toujours protégé par des collines en cordillière qui tranchent l'ile en deux. Et ce vent doux, tellement doux sous un soleil torride, charrie les odeurs de la mer, des arbres et du poivre.

L'eau du Golfe de Thailande est chaude et, malheureusement, transporte sur ses vagues beaucoup de déchets en provenance du lointain. Il faut dire que la propreté des plages n'est pas encore une priorité au Vietnam: on l'avait vu à Muiné, un peu à Dha Nang, moins à Hoi An et beaucoup à Vung Tau. Mais un mouvement dans ce sens semble s'amorcer.

L'ile de Phu Quoc possède de nombreuses bases militaires, principalement celle de la marine vietnamienne, ce qui m'amène à dire deux mots sur la visite que nous avons effectuée à la tristement célèbre prison de Phu Quoc. Nous y étions à quelques jours du 30 avril, journée fériée au Vietnam, date de la libération de Saigon par les forces du Nord, en 1975. Il y avait donc beaucoup de gens, Vietnamiens pour la plupart, venues ici presqu'en pélerinage pour constater de visu les horreurs qui y furent commises par les Américains et les Puppet (soldats sud-vietnamiens à la solde des USA) sur les prisonniers favorables à l'indépendance du pays. J'avais vu quelques photos et reconstitutions au Musée des Souvenirs de Guerre à Saigon mais ici tout prend une autre dimension. Voir de véritables cages de tigre, les barbelés, les miradors et tout l'arsenal ayant servi à la torture, cela donne froid dans le dos... alors que la chaleur approche les 35 degrés Celcius. Et les photos de ceux qui y ont laissé leur vie. Rien de bien glorieux pour la réputation des hommes!

Nous sommes arrivés sur l'ile par avion, un bimoteur de Vietnam Airlines qui vole plutôt bas, ce qui permet tout au long des 40 minutes que dure le trajet entre Can Tho et l'ile, d'apprécier la beauté de l'endroit. De comprendre aussi pourquoi cette ile fait toujours l'objet d'un contentieux entre le Vietnam et le Cambodge.

Ce voyage en terre vietnamienne sera le dernier pour moi; ne reste que Saigon pour meubler ma dernière semaine. Elle sera remplie: faire le tour de la famille de Lisa, des amis de YoYo, finaliser mon organisation en vue de l'hiver prochain, trouver deux ou trois petits cossins à rapporter et... et surtout, faire mes adieux à cette ville que j'adore. De jour comme de nuit. De soleil comme de pluie, car depuis quelques jours les nuages se font plus gris d'une eau qui se déverse en fin de journée, moi qui n'avait vu de pluie qu'à deux ou trois reprises en trois mois et demi, sans oublier la tempête. Une toute petite semaine pour tout cela... et l'odomètre de la moto de YoYo vient de dépasser les 4000km...

À la prochaine


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