mercredi 11 janvier 2012

IMPRESSIONS NUMERO 2

Une fois l'histoire plutot desagreable des puces ou punaises de lit, tellement que je les ai appelees les morpions arabes, cette histoire passee; une fois bien adapte a l'heure d'ici; une autre fois, toutes les mauvaises habitudes de comparer ici avec che-nous; et encore de se dire que j'aurais donc du penser a ceci ou a cela... une fois toutes ces petites babioles derriere soi, et meme la premiere impression... on passe a autre chose, on passe au vrai de vrai.

Deux semaines plus tard, a quoi ressemble ma deuxieme impression? Est-ce que tout ce que l'on m'avait dit du Vietnam s'avere exact ou conforme a ce que j'observe? J'ai toujours eu beaucoup de difficultes a generaliser, ne croyant pas que ce qui se deroule dans le cerveau de l'un puisse s'averrer la copie conforme de ce qui germe dans le cerveau d'un autre. Je puis donc me permettre de prendre une certaine distance par rapport a ce que d'autres voyageurs ont vecu ici avant moi. De toute facon, j'ai comme la vague idee qu'il n'y a pas beaucoup de touristes de mon genre, c'est-a-dire quelqu'un qui ne vient pas visiter le Vietnam mais le vivre. Les touristes que je remarque depuis mon arrivee se tiennent en groupe, visitent les essentiels que l'on voit dans les guides. Ils sont un peu a la merci d'une machine qui semble rouler continuellement dans le meme sens. Je ne les blame pas, c'est leur choix mais je ne saurais etre capable de suivre une trentaine de personnes qui recoivent les memes informations, sur le meme ton et sans doute aseptisees compte tenu du fait que nous sommes en pays communiste.

J'ai, comme deuxieme impression, celle de la lenteur. Vous me direz que Ho Chi Minh est une grande ville, en route vers une modernite a la fois europeenne et americaine, ou tout bouge rapidement... et vous auriez raison. Mais en meme temps, je remarque dans les gestes du vietnamien moyen cette lenteur d'execution qui vient peut-etre de cette faculte qu'il semble posseder, celle de savoir prendre le temps qu'il faut et cela au bon moment. La circulation en est un exemple. Un minimum d'ordre dans un maximum de desordre et a une vitesse qui doit se situer a celle non pas de la voiture mais de la motocyclette. Quand, avec mon guide, nous roulons a 40km/h et qu'il semble que ce soit la norme non ecrite mais standardisee, c'est savoir prendre son temps parce le temps est comme defini et accepte socialement comme etant cela, le bon moment. Le bon moment pour doubler, le bon moment pour saluer, le bon moment pour sourire. Il me semble que le vietnamien connait le bon moment, il sait exactement quand il doit arriver, quand il doit etre.

Deuxieme impression: la lenteur. Comme cela m'est utile et combien reposant, quasi zen. J'aime beaucoup devoir modifier mes journees selon le soleil. Mon guide craint le soleil, de sorte qu'une journee c'est aussi bien l'apres-midi jusqu'a la nuit et une autre fois, du matin au midi. Les activites ne sont pas urgentes, j'ai du temps devant moi. De grandes lignes seulement et beaucoup, beaucoup d'improvisation. On s'en va la pour se retrouver ailleurs. Et ailleurs, il y a des gens interessants qui me considerent, je ne puis le dire exactement, comme un objet rare ou un sujet different.

Mon guide me repete, et il semble que je ne l'ecoute pas beaucoup, qu'il ne faut pas tenter d'entrer en contact avec tout le monde... moi, je veux le contraire. Une vieille femme assise sur le trottoir, je me dis que sans doute elle a deja parle francais, mais non, elle ne parle que vietnamien mais quel sourire j'ai recu d'elle. Les enfants de la rue, bouleversants de pauvrete, mais qui n'en veulent qu'a ton porte-monnaie. Les vendeurs de tout et de rien, il y en a partout et encore plus loin, tu leur adresses un regard et voila qu'ils te pourchassent inlassablement.

Les jeunes filles ont de splendides cheveux noirs. Je me suis rappele le livre merveilleux de Hrabal sur la chevelure et compris un peu mieux ce qu'il voulait dire alors que pour lui les cheveux parlent tellement. Rappele aussi La condition humaine de Malraux, je ne sais trop pourquoi, la Chine n'est pas le Vietnam mais je retrouve certaines ambiances.

Apres deux semaines, j'aime le Vietnam, moi le voyageur europeen... Je m'y sens totalement depayse, entierement en securite et ressens un besoin intense de comprendre cette resilience collective qui a du leur etre necessaire pour oublier les palles des helicopteres, la presence americaine et auparavant celle des Francais.

Et, bizarrement, sur mon balcon au septieme etage, je lis L'idiot de Dostoievski quand c'est ensoleille et que mon guide prend conge...

Suivent quelques photos...

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