vendredi 26 août 2011

QUATRE (4) CENT-TREIZE (13)


Éthan


J'ai peu souvenance de l'illustre pédagogue qui écrivit quelque chose allant dans le sens suivant: l'intelligence ne réside pas dans le fait de répondre à une question mais bien de la poser. Depuis quelques semaines, mon petit-fils Éthan a à la bouche l'extraordinaire pronom interrogatif POURQUOI? Et je remarque que ce n'est pas tant pour recevoir une réponse que l'intérêt qui l'anime à poser une question. Un peu beaucoup comme s'il voulait circonscrire dans sa tête une problématique pour ensuite la déposer dans son bagage personnel afin de l'utiliser dans une autre situation.



Je veux calquer aujourd'hui sa façon de faire et y aller de quelques questions dont je ne souhaite aucunement recevoir une réponse. Cela me ramène au fait que les mois de mars à juin dernier ont beaucoup ralenti autant le blogue que cette habitude de découper à partir du journal LE DEVOIR des manchettes ou des événements qui me semblent importants ou du moins à retenir. Fort utile que cette démarche lorsque vient la fin de l'année et qu'elle sert d'élément référentiel pour une rétrospective.


Donc, peu de découpures entre mars et juin; donc, une espèce de trou dans la 2011; donc, des faits situationnels qui n'ont pu être couchés dans mon cahier de nouvelles...


Alors, un peu pour me reprendre et en utilisant la méthode Éthan, voici les questions que je me pose depuis... un certain temps. Elles ne vous seront pas proposées de manière chronologique mais dans le désordre avec lequel elles sont venues à mon esprit.

P O U R Q U O I ?

... la mort d'un certain Jack Layton fait-elle si mal?


... le printemps arabe ressemble-t-il tellement à un automne?

... ce sont les jeunes qui ont déclenché ce même mouvement de contestation avec à la main un IPhone branché sur Twitter?

... le PQ n'est-il plus ce qu'il a été pendant si peu de temps?

... le BLOC QUÉBÉCOIS a-t-il eu besoin d'un soufflet magistral pour comprendre qu'il n'avait plus sa place?

... le 2 mai n'a-t-il pas été épinglé de manière aussi «historique» qu'un certain 15 novembre?


... on enscence Paul-Marie Lapointe que lors de son décès?

... les dictatures nous sont-elles arrogantes lorsqu'elles ne sont pas occidentales alors que le rêve occidental en est un dictatorial?

... la crise économique donne-t-elle raison à Richard Desjardins lorsqu'il affirmait que le capitalisme c'est privatiser les profits et socialiser les déficits?

... un homme puissant qui répond à l'acronyme DSK peut-il se tirer des mains de la justice parce qu'une femme l'ayant accusée de méfait sexuel aurait menti dans le but d'obtenir la citoyenneté américaine?

... un président américain adulé devient-il subitement un président comme les autres?

... George W. Bush est-il toujours en liberté?

... les changements climatiques sont-ils la préoccupation première des êtres humains alors que leurs dirigeants s'en foutent éperdument?

... Sophocle redevient-il actuel?

... la santé de Sydney Crosby intéresse-t-elle à ce point les amateurs de sports qui n'y verraient pas là un sujet de discussion chez un joueur de hockey ordinaire souffrant de la même blessure ?

... tout à coup, consulter les citoyens devient-il la panacée de tous les politiciens?

... une journée de pluie expédie-t-elle les quatre dernières journées ensoleillées au banc des denrées rares?


... ai-je la malheureuse impression que Stephen Harper, maintenant majoritaire au Parlement canadien, m'apparaît plus humain, moins arrogant et plus soucieux des Canadiens/Canadiennes?


... Amir Khadir a-t-il la malencontreuse habitude d'aligner une série de bonnes interventions avant d'en avancer une fâcheuse, et que c'est celle-ci que l'on retient?

... dit-on que le mouvement féministe s'essouffle alors que la situation des femmes est totalement différente actuellement qu'elle l'était à l'époque de ma mère?


... Lise Payette qui a 80 ans, continue-t-elle à se battre de manière intelligente alors que Denise Bombardier on s'en passerait bien?


... François Legault est-il devenu à droite politiquement et représente-t-il le changement aux yeux des Québécois?




... notre système de santé qui devrait favoriser la santé des Québécois ressemble-t-il à une hydre (un mal qui se renouvelle en dépit des efforts faits pour l'éradiquer)?

... les rentrées scolaires sont toujours des moments tristes?

... le mois de septembre semble s'imposer comme un des plus beaux de l'année en terme météorologique?


... faut-il remplir sa demande de PV (pension de vieillesse) onze mois à l'avance?


... s'installer ailleurs c'est, au début, une désinstallation qui frise la catastrophe et que par la suite, parfois en très peu de temps, cette réinstallation s'installe en nous quasi instantanément?

... la France est-elle le plus beau pays du monde?

... la mort, lorsqu'elle frappe, le fait-elle sans avertir officiellement, sans prévenir alors que l'on nous avertit depuis la tendre enfance que l'on doit la prévenir?



... certaines dates demeurent-elles inscrites à jamais dans nos têtes?


... certains souvenirs ne cherchent-ils jamais à s'enfuir, un peu comme s'ils possédaient leur propre système organisationnel?

... Paul Auster écrit-il si bien?

... toute la question de l'Holocauste redevient-elle aussi actuelle par les films, les livres qu'on lui consacre?




Je ne sais pas si Éthan aurait posé les mêmes questions. Lui, c'est davantage dans le genre pourquoi telle chose est à ce moment précis. Je crois que tout doucement il installe dans sa tête des notions fort complexes comme celle du temps et de la raison des choses. Pourquoi existent-elles? Il faut quand même, à deux ans et demie, avoir reçu quelque part entre l'infini d'où il vient et le néant vers lequel il se dirige, avoir reçu cette extraordinaire faculté de l'observation, du regard posé sur les êtres et les choses.


Je me demande s'il peut y avoir quelque chose de plus beau qu'un enfant qui pose une question? Une enseignante de première année - il n'y a pas si longtemps de cela - proposait d'élargir l'activité suivante, activité à laquelle les enfants de sa classe étaient invités: la philosophie. Je me rappelle les sourires en coin, les interrogations parfois impertinentes et les doutes entretenus qu'elle - j'ai malheureusement oublié son nom - suscitait en parlant de cela. En deux mots elle résumait cette activité de la manière suivante: l'enfant est un être de questions à qui on ne permet pas de chercher par lui-même des réponses mais dont on inonde de solutions qui souvent ne le rejoignent pas. La dialectique qu'elle offrait aux enfants était à leur niveau, au niveau de chacun, voilà peut-être pourquoi, d'abord, les enfants s'y intéressaient et ensuite, pourquoi ces enfants devinrent de plus en plus critiques, tolérants et surtout, à l'écoute de la question de l'autre.



Au prochain saut





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