lundi 25 juillet 2011

QUATRE (4) CENT-SEPT (07)



Paul Valéry - on ne le cite pas très souvent celui-ci - dit qu'«un ange ne diffère du démon que par une réflexion qui ne s'est pas encore présentée à lui.»


Notre ami ROBERT ouvre trois portes. Par la première, la plus utilisée, il dit qu'il s'agit d'un être spirituel intermédiaire entre Dieu et les hommes, un ministre des volontés divines. La deuxième, plus à la hauteur des hommes, parle d'une personne parfaite, utilisée comme terme d'affection. La troisième, assez rare, pour nommer un grand poisson de mer.

De mon côté, et nonobstant ce que j'ai déjà écrit ici sur les anges, je serais porté à associer ce concept à celui des signes. Le poème que je vous offre aujourd'hui - un ange a passé - ira dans ce sens. Un signe - combien de fois ne les remarquons-nous pas - et si oui, ne les décodons qu'une fois le message transformé en réalité. Cet avant-coureur innocent, je le vois transporté par un messager qui ne réfère absolument pas à Dieu ou ses semblables. Hermès de cette espèce de réalité située entre le réel et le non-réel: l'entre-réalité. Belle idée, n'est-ce-pas? Vous souhaiteriez que j'aille un peu plus loin? Tentons...

Dans le réel, les anges n'existent pas sauf lorsqu'on utilise le terme afin de l'associer à l'affection.

Dans le non-réel, les anges peuvent exister puisque même le non-réel le pourrait. Leur rôle de baladeur frénétique rappelle aux gens ceci ou cela, ce ceci/cela étant puisé à l'ésotérisme ou aux choses religieuses qui nous sont déjà connues ou du moins dont on a entendu parler. L'environnement non-réel nécessite les anges afin de diffuser ces idées qui exigent au préalable un acte de foi ou un acte d'intense croyance.

Dans l'entre-réel, on devient pro-actif. Un signe se décroche de quelque part, un peu comme une île de glace quittant le pôle. Il s'avance. La myopie humaine nous empêche souvent de le voir alors que nous ressentons tout de même sa présence. Une sorte de froideur, d'odeur ou de mouvement qui chacun, par son énergie propre, tente de nous transmettre quelque chose. Et le signe passe. On ne le remarque à peu près pas ou, au contraire, il nous secoue. Voici le champ d'intervention de l'ange. Selon sa force et son expérience il nous poursuit, pas très longtemps car c'est fugace un ange, et s'il nous nous attrape, il tente d'imprimer en nous... son message. Cette surprise nous saute au visage inopinément et nous tentons de la décoder à partir de gestes, de mots ou d'actions des autres qui s'agitent autour de nous. C'est lorsque la conscience intervient dans l'entre-réel que l'ange s'enfuit et que nous voilà aux prises avec cet avant-coureur du temps...

Pas si mal comme théorie. C'est d'ailleurs celle que je tente de rendre intelligible par la métaphore de la marionnette et du camelot qui dort au fond de mon disque dur depuis... trop d'années. J'ose espérer que cet automne, dans la nouvelle maison, le nouveau bureau de travail, j'espère que ça débloquera... enfin.

Alors voici ce poème.

un ange a passé

un ange a passé
papillon sur le bout des ailes d’un oiseau
se laissant bercer sous les nuages

triste, puis un ange passa
heureux je fus

un ange a passé
des étoiles auréolant sa tête
et ses yeux sont piqués de diamants

fatigué, puis un ange passa
reposé je fus

un ange a passé
sous la pluie fine marchait
et la plage s’est ensoleillé

triste, puis un ange passa
heureux je fus

un ange a passé
sa voix enrobée dans le miel
chantait des mots ignorés

fatigué, puis un ange passa
reposé je fus

un ange a passé
ses yeux grands comme la terre
lançaient des éclairs d’amour

triste, puis un ange passa
heureux je fus

un ange a passé
ses mains ont fait siffler le vent
et l’écho m’est parvenu

triste et fatigué j’étais
heureux et reposé je suis



Au prochain saut!

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