mardi 12 juillet 2011

QUATRE (4) CENT-CINQ (05)



Il en faut au moins un en juillet. Minimalement. Un saut et puis après on verra!

La main risque de s’ankyloser. Si facilement.

Même si ce n’était que pour dire la présence – symbolique peut-être – de trois ou quatre crapauds autour de la maison. Ils n’ont rien mais absolument rien à voir avec celui du parc Forillon; on ne me croit toujours pas alors que je raconte cette vision «batracienne/amphibienne» qui coassait à la lune dans un étang, y retourner je le retrouverais, tout près de la mer, face au parc Forillon.


Non, rien à voir, mais ils s’amusent à crapahuter ici et là. Souvent sous les plans de tomates ou encore du côté des grands pins; parfois devant, tout juste près de la souche qu’il faudra bien un jour enlever.


Nous sommes souvent portés à interpréter la vie animale à partir de références familiales : le père/la mère/les enfants. Dans le cas de mes crapauds de campagne, c’est la même chose. Le plus gros, sera pour notre compréhension, «la maman». Pas de papa. Et trois petits, dont un minuscule et deux moyens.


J’ai tenté à deux reprises de les prendre en photos. Ils n’ont pas collaboré. J’arrivais, l’appareil en main, et oups! disparus. Sans vous faire de promesses, j’essaierai une autre fois de les immortaliser sur pellicule électronique.


Mon frère me demandait si j’avais vu des écureuils dans mon nouvel environnement. Un seul. Une seule fois. Depuis, il a disparu. C’est à croire que maintenant je suis dans le bon étang!


Il n’y a pas que ces trois/quatre crapauds qui alimentent mes observations campagnardes. L’air. Mon ami Gérard, à qui je disais que mon dernier saut à Montréal fut pénible au niveau de l’odeur du vent, croit que je suis en désintoxication de CO2. Moi qui raffolait de tout ces gaz qui enveloppaient la métropole, maintenant – à peine trois mois plus tard – ne demande que cet air pur qui a su plonger un court instant dans la rivière au bout de la rue.


Oui : les crapauds, l’air et aussi les gens. Beaucoup les gens. Ciel! c’est à croire que je suis en train de vous raconter ma vie… Pourtant, la vie des autres c’est un sujet à roman ou à nouvelle… Deux mots alors. Un peu pour vous situer tout comme je l’ai fait alors que le blogue fut lancé en septembre 2005. Ce nouvel environnement de crapauds, d’air et de gens – ici, ce sont les filles, les petits-enfants, Claudette et Réal – ne peut se bien saisir sans que leur juxtaposition. Ça devient un tout. Voilà, je vous laisse deviner le reste…


En campagne – La Palisse dirait «on n’est pas en ville» - tout peut sembler différent. Le rythme de vie, le temps qui passe, l’organisation des journées. Le fait que le «voisinage» n’a pas la même signification. J’oubliais de vous parler que j’ai installé ma porte moustiquaire à l’entrée en avant. Ça vous décroche un courant d’air d’une pureté sans égal. Vous devriez voir et apprécier. Bon voilà, je reviens à mes… j’allais dire moutons alors que sans doute vous pensiez… crapauds.


Le goût d’écrire me revient. Il aura été précédé par un immense besoin de lire. Que doit-on faire lorsque lire ne fait plus partie de nos occupations quotidiennes? Une seule chose. Lire. Lire Gabrielle Roy. J’achève «La montagne secrète». Lire nos bons vieux classiques. Et Gabrielle Roy en fait partie.


Ensuite, ce sera Atiq Rahimi, «Maudit soit Doistoïevski».

En parallèle, Pablo Neruda, «Chant général». Pure merveille!

Vous vous doutiez bien que ça allait finir par un poème Celui que je vous offre aujourd’hui a été entrepris à Montréal, achevé en campagne. Avec tout mon cœur, le voici :

difficile à dire

difficile à dire s’il s’agissait de neige ou de pluie

que cette boue ramassée en flaque au milieu de la ruelle

le vent qui nuit et jour hante les clôtures a sa propre idée…

à partager avec la pleine lune lorsque celle-ci

exigeant l’alignement des étoiles, daignera

par ses mots livides nommer cet amalgame bizarre


… et les bruits semblaient venir de loin


difficile à dire s’il s’agira de pleurs ou de cris

dans l’inavoué de ces rencontres espérantes

celles que les siècles écrivent à l’encre de sang

pour continuellement les arracher du papier sauvage

comme des promesses d’angles morts aux intersections humaines

et se promèneront dos à dos sur des chemins obscurs


… et les bruits au loin semblaient se répercuter


difficile à dire si ces larmes diluées dans la neige ou dans la pluie

comme autant de silences contenus, retenus puis projetés

à même la hargne des oiseaux qui les picoreront… gelées

difficile à dire dans leurs mouvements microscopiques

le parcours ininterrompu d’une vie en pente descendante

abrupte comme ces pas amusés qui giclent sur la flaque


… et les bruits s’éteindront mouillés dans l’innommé

Au prochain saut

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