jeudi 3 mars 2011

Le trois cent quatre-vingt-dix-neuvième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-dix-neuvième saut

Gérald Godin

C'est quand même un petit peu émouvant! Passer du trois au quatre... je veux dire de la famille des 300 à celle des 400. Vous avez entre les mains le trois-cent-quatre-vingt-dix-neuvième saut et lorsque vous reviendrez pour le quatre-centième, comme à mon habitude, j'aurai changé le décor, modifié serait plus adéquat. Enfin, vous verrez.

Pour achever la série des trois-cent, je suis allé chez Gérald Godin, POÈMES DE ROUTE, pour vous offrir ceci. Mais je tiens à vous rappeler que les poèmes de ce recueil conçus et écrits sur la route 20, entre Montréal et Québec, ont été publiés en 1988.


LES POÈTES

Alain Grandbois roule à la fine épouvante dans sa Bugatti rouge
le coffre plein de Poèmes de Hankéou
que Mao Tsê-tung a aimé beaucoup

Gaston se décroche la mâchoire et fait claquer sa stappe avant de moulin à vent contre l'ennemi

Émile Nelligan récite le Vaisseau d'Or pour les visiteurs d'asile
son gardien lui tient la main et l'appelle monsieur Émile

Michèle Lalonde me regarde par-dessus les yeux
et cherche l'homme de sa vie

Jovette Marchessault observe les animaux de basse-cour
et leur prête des intentions théâtrales

Saint-Denys Garneau est assis entre deux filles
se demandant en vain laquelle choisir

Roland déménage encore
laissez le message à l'atelier

Paul-Marie est gêné
s'il aurait su il aurait pas venu

tous les poètes se tiennent pas la main
dans une tempête à écorner les boeufs
sous un ciel zébré d'éclairs
afin que si la foudre frappe l'un d'eux
ils tombent tous en amour



LE RESTE

N'ai-je pas
tout dit ça
depuis longtemps déjà
je me répète je me répète
et me rassure en me disant que je reconnais
dans les traces mes pistes déjà vieilles
de savoir mon nom
te donne quinze points
dans les jeux de société
où je n'ai jamais été
jeune fille aux veines bleues
sous ta peau si blanche
tout dit tout fait tout vu
ce doit être ça vieillir
cinq heures du matin je me lève
le sommeil de longtemps m'a fui
n'ai-je pas derrière moi
la majeure partie de ma vie
je continue mais sans l'élan


PERSONNE

Il y en a qui écrivent à la première personne
il y en a qui écrivent à la troisième personne du singulier
lui il écrit à personne en particulier



Au prochain saut

Aucun commentaire:

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...