vendredi 28 janvier 2011

Le trois cent quatre-vingt-quatorzième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-quatorzième saut



Tout de même bizarre, je me disais que le voyage à l'automne dernier allait relancer un peu et même beaucoup, c'est ce que je souhaitais, l'inspiration et l'écriture. Il semble que ce ne soit pas le cas. Je travaille actuellement sur un poème - un seul - qui tarde à aboutir. La marionnette d'avance pas d'un millimètre tout comme elle n'a pas avancé depuis... disons, un an ou deux.

Il faudrait - encore un conditionnel - plus de discipline et une meilleure organisation; tout ce qui n'est pas moi. Avec la venue du 400 ième, peut-être se passera-t-il quelque chose! Ou les élections fédérales! Ou un mouvement de rue aussi sérieux et puissant que celui de la Tunisie qui s'étend en Égypte et au Yémen! Ou tout simplement repositionner le blogue. Le changer en page «web». Du nouveau quoi!

C'est aujourd'hui 28 janvier. Il y a 91 ans naissait le paternel Gérard. En faisant un brin de ménage en vue du grand déménagement prévu pour juin prochain - j'en reparlerai bientôt - je suis tombé tout à fait par hasard sur un CD portant le titre suivant: janvier 1990. À sa lecture, j'ai découvert qu'il s'agissait de l'enregistrement transposé sur un autre support électronique de la fête de Gérard - le paternel - à l'occasion de ses 70 ans. On y voit quelques personnalités, telles Gaston Miron dont la voix, malgré le bruit ambiant, réussit parfaitement bien à se faire entendre; François-Albert Angers qui prit la parole afin de rendre hommage à Gérard. Étonnamment, ce fut également lui qui lors des funérailles de Gérard en juillet 1995 dans le sous-sol de l'église Ste-Eugénie de Douville à Saint-Hyacinthe, au nom de la famille nationaliste (la famille bleue) debout sur une table, parla de Gérard. Quelques personnages de la Société Saint-Jean-Baptiste et tous les membres de la famille Turcotte.

L'enregistrement est médiocre au niveau du son et la luminosité insuffisante pour que l'image soit claire et nette, mais c'est quand même un document intéressant.

Toujours dans la cadre de ce ménage pré-déménagement, le DVD du voyage en Gaspésie avec Fleurette - la maternelle - celui de 2005. De très belles images. Cette fois-ci la qualité est présente.

Revenons à ce que nous laisserons sur le crapaud aujourd'hui:

1) une citation de Yvon Rivard dans PERSONNE N'EST UNE ÎLE que le paternel Gérard aurait très bien pu écrire;

2) un cadavre exquis;

3) «un carnet d'ivoire avec des mots pâles».



. J'ai plutôt appelé au secours, et ce sont mes petits-enfants, lâchés libres dans l'espace, qui ont fait pour moi tout le travail. Plus indisciplinés que les roses et les abeilles, ils ne voulaient jamais rentrer, ils n'en avaient jamais assez de l'eau, du sable, du soleil, sans se soucier de l'instant où tout cela leur serait retiré, sans penser qu'un jour tout le visible ne serait plus qu'une image, qu'une émotion, qu'ils ne pourraient plus s'élancer sur cette plage qu'en fermant les yeux. Il ne leur venait pas non plus à l'esprit qu'ils ne devaient pas cueillir plus qu'ils ne pouvaient contenir, plus qu'ils ne pouvaient ramener à la ruche, qu'il ne fallait pas trop s'avancer dans l'espace, dans la joie, dans l'amour, de peur d'y disparaître, d'être à leur tour le miel de quelque abeille géante et invisible. Non, ils jouaient jusqu'à l'épuisement à épuiser le temps et l'espace qui leur étaient donnés, de la même façon qu'ils creusaient ici et là sur la plage des trucs que la mer remplissait au fur et à mesure qu'ils les vidaient. Et c'est ainsi qu'ils ne voyaient pas le temps passer, qu'ils vivaient dans le temps du recommencement, comme si l'univers aussi ne demandait pas mieux que de s'épuiser librement, qui n'avait que faire de l'or dans lequel nous voulions le figer, avait conclu un pacte avec eux: n'essayez pas de me retenir, et c'est moi qui vous porterai jusque dans votre sommeil, ne craignez pas de me gaspiller, de me jeter pas après usage dans le grand trou de la mémoire, et c'est moi qui me souviendrai de vous et vous réveillerai quand vous aurez besoin de moi.



CADAVRE EXQUIS
NUMÉRO 17

ainsi qu’un cheval épuisé en course au bout de son trajet
réhabilitons les inutiles strophe

les mains dans le dos il nous a regardés
cheval menotté
nous oublions de rester… de ne plus nous enfuir

un cheval blanc
vers les nuages froncés
s’accroche à la selle du vent
au loin… deux corbeaux le poursuivent

six heures, tu ne sauras pas dans le vert brun du ciel
si c’est matin ou soir



«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»

C O R U S C A N T (adjectif)
. brillant, éclatant.



D É L I N É E R (verbe transitif)
. tracer d’un trait le contour de.



Au prochain saut

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