samedi 13 décembre 2008

SAUT: 249




Suite au poème sur la mort (saut 247), le crapaud se dirige maintenant vers un thème que l'on peut placer parmi les «classiques»: le temps. Le poème qui devrait en sortir - d'ici quelques... ou plus ou moins... - abordera la question du temps comme étant cet espace entre la vie et la mort, espace inexorablement en marche.

Voici l'état de mes recherches à ce jour. Ce sont, vous vous en souvenez, des citations, des réflexions puisées à même mes cahiers de lecture. Bon temps!


. Il y a des minutes où l'avenir se présente à un homme sous des couleurs si sombres qu'il craint d'arrêter sur lui le regard de son esprit, qu'il interrompt toute activité cérébrale et s'efforce de se convaincre qu'il n'aura pas d'avenir et qu'il n'eut pas de passé. Léon Tolstoï

. Mais le temps se fout des retardataires, il court sur son cheval, et les impulsions qui arrivent trop tard retombent derrière lui dans leur néant.
Jean Bédard

. Le temps s'occupera d'égaliser, c'est sa plus noble fonction. Jean Bédard

. Mais aujourd'hui, je sais que ni le temps ni l'espace ne parviennent jamais à dissiper nos doutes. Il est inutile de remettre au lendemain ce qui demain me sera toujours aussi difficile ou aussi impossible à réaliser. Fernando Savater

. Prendre conscience de son présent, c'est ne plus rien attendre. Albert Camus

. Passons passons puisque tout passe. Guillaume Apollinaire

. L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
il coule et nous passons. Lamartine

. Ce temps qui est un dieu, le seul qui nous reste. Il ne se laisse ni fléchir, ni allonger, ni rapetisser. Éternel pour certains, morts depuis très longtemps pour d'autres, c'est peut-être lui, le temps, cet ange aux bras ouverts, qui nous attend, là-bas. Robert Lalonde

. Le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition. Milan Kundera

. Les strates successives de notre vie sont si étroitement superposées que dans l'ultérieur nous trouvons toujours de l'antérieur, non pas aboli et réglé, mais présent et vivant. Bernard Schlink

. Longtemps, on rampe sur cette terre comme une chenille, dans l'attente du papillon splendide et diaphane que l'on porte en soi. Jonathan Little

. C'est toujours une tentation irrésistible pour les gens qui n'ont pas de passé d'essayer d'acheter celui des autres. Han Suyin

. Le temps est l'école où nous apprenons. Joan Didion

. Comment ce qui ne va pas durer peut-il avoir tant de réalité? Pierre Nepveu

. L'homme, dont le berceau est si voisin de la tombe, gaspille son temps en futilités.
Somerset Maughan

. La plupart des vieilles gens ont quelque chose de trompeur, de menteur dans leur façon d'être avec les gens plus jeunes qu'eux; on vit sans crainte à leurs côtés sur la foi de relations sûres, on sait leurs idées favorites, on reçoit incessamment confirmation de la paix, on trouve tout parfaitement naturel, mais qu'il se produise soudain un événement décisif, c'est à ce moment, où l'on devrait récolter les fruits d'une tranquillité si longtemps préparée, qu'on voit les vieillards se dresser comme des étrangers, révéler des idées plus cachées, plus fortes que les précédentes, et déployer enfin au vent leur vrai drapeau, sur lequel on lit avec effroi une devise inattendue. Cet effroi vient surtout du fait qu'ils disent alors des choses beaucoup mieux fondées qu'auparavant, beaucoup plus judicieuses, beaucoup plus évidentes - si l'évidence est susceptible de degrés. L'insurpassable duperie est qu'ils avaient au fond toujours dit la même chose. Kafka

. L'homme n'est pas, il est en train d'être... Alexandro Jodorowsky

. Ceux qu'on appelle les inadaptés, les déchets de la société (les clochards, les drogués, les dépressifs, etc.), sont sûrement des êtres qui n'ont pas eu la grâce ou la culture permettant de survivre à la folie qui menace l'être conscient de l'étrangeté de la vie. Ce sont, en un sens, les êtres les plus conscients et qu'on envoie au front sans armes, un peu comme les Aztèques nourrissaient le temps avec des sacrifices humains pour ne pas qu'il s'épuise. J'ai lu quelque part que la conscience des héroïnomanes, par exemple, est pleine de tmps, que le temps est leur unique objet de pensée. Yvon Rivard

. (BIG BEN sonne) Les cercles de plomb se dissolvent dans l'air. Virginia Wolf

. Quel sens pourrait avoir pour nous un événement qui ne nous écraserait pas? Le futur est fait pour nous immoler. Cioran

. (Yerma- la femme stérile)
- Je ne pense pas à demain, je pense à aujourd'hui. Tu es vieille et tu vois tout comme dans un livre déjà lu. Moi, je pense que j'ai soif et que je n'ai pas de liberté. Je veux avoir un fils dans les bras pour m'endormir tranquille, et écoute-moi bien et ne t'effraye pas de ce que je te dis: même si je savais que mon fils me martyrisera, qu'il me haïra, qu'il me traînera par les cheveux dans les rues, je recevrais sa naissance avec joie, parce qu'il vaut beaucoup mieux pleurer un homme vivant qui nous poignarde que pleurer pour ce fantôme assis, depuis des années, sur mon coeur.
Federico Garcia Lorca


Au prochain saut

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