samedi 29 novembre 2008

SAUT: 246

Jean Charest

Pauline Marois

Le 8 décembre 2008 ou pour être plus mathématique le 08/12/2008... risque de passer à l'histoire canadienne. En effet, alors que les Québécois/es iront aux urnes, que par la suite ils retourneront chez eux, que les scrutateurs s'affaireront à dépouiller les boîtes de leurs bulletins de vote, à ce moment-là, à moins que le premier ministre Harper ne sorte un autre lapin de son chapeau, à ce moment-là son gouvernement tombera. À même pas deux mois de son entrée en fonction.

Et ça serait, si les tractations ne s'embourbent pas dans le français tout à fait personnel de Ed Broadbent, ancien chef du NPD (Nouveau Parti Démocratique) et l'anglais tellement personnel de Jean Chrétien, ancien chef du Parti Libéral du Canada et Premier Ministre du même pays, et qu'il en résulte un échec de leurs négociations, ça serait une première de mémoire de crapaud: un gouvernement de coalition! On se croirait en Europe.

Quelle journée ça serait! À vivre dans toute sa splendeur. Pour être pratique, pragmatique comme on le dit en politique, le résultat du vote à la Chambre des Communes d'Ottawa nous parvenant avant la fin de la soirée électorale québécoise, on pourrait donc se retrouver durant quelques heures avec pas de gouvernement canadien et pas de gouvernement québécois...

Il faut le faire... Chers nous autres, comme nous faisons bien les choses lorsque l'on s'intéresse correctement à la vie politique. Je nous félicite en votre nom.

Est-ce que le monde s'arrêtera de tourner, de vivre, de plonger plus creux encore dans cette gigantesque crise économique qui se répand sur la planète entière et semble toucher les petits et les grands états alors que le Canada et le Québec seront durant quelques heures sans gouvernement?

Est-ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunira d'urgence afin de statuer sur notre situation plutôt unique?

Est-ce que la Gouverneure Générale du Canada, la tant si trop superbement belle Mikaëlle Jean, deviendra la «cheffe» incontestée du pays et aura l'idée de penser au Québec en lui nommant un représentant de haut niveau alors que suspendus aux lèvres de Bernard Derome nous attendrons patiemment les résultats nous demandant tous, l'un après l'autre dans un même élan de voix: c'est qui qui mène là, tout de suite, à ce moment même?


Mikaëlle Jean

À cette question fort pertinente, bien malin celui qui saurait y répondre de manière constitutionnelle. Nous serons, plus, nous vivrons enfin et pour une fois dans notre vie un instant anticonstitutionnellement réel. Personne pouvait croire qu'un jour dans sa vie, ce mot (encore le plus long cité dans le Larousse) allait être utilisé ailleurs que dans les concours d'épellation. Personne. Eh! bien (c'est une faute, je le sais mais j'aime mieux ainsi...) nous y sommes.

Sans gouvernement, ça le crapaud l'a dit. Et durant ces heures fébriles, nous voterons, noux exercerons notre droit de vote et il faut avouer que depuis quelques mois, l'exercice devient presqu'une habitude! Et qu'est-ce que cela donnera? Voici ce que vous attendiez... Prédictions et résultats. La situation l'exige, ils seront brefs, concis et, je l'espère, combien réconfortants.

Vous connaissez le dicton suivant: Après la pluie, le beau temps. Le crapaud et sa fille Odile ont pu en vérifier l'exactitude en septembre dernier, à Cuba. Après l'ouragan Ike ce fut du temps merveilleusement beau et les Cubains nous disaient: Après l'orage, le beau temps. Ça s'est avéré tout à fait exact. Donc, il a de fortes chances que ce que je vais vous prédire, à partir de cette implacable amorce, le soit aussi.

Je vous ai demandé, deux fois plutôt qu'une, de voter afin que le résultat nous amène à un gouvernement minoritaire. Deux fois plutôt qu'une vous l'avez fait. Cela donne cette merveilleuse situation historique dans laquelle nous nous retrouvons maintenant. C'est évident que dans deux cents ans, lorsque les petits terriens iront étudier sur Mars l'histoire du Canada, ils ne verront pas votre nom inscrit dans leur livre dont je n'ose même pas imaginer quelle forme il prendra, votre nom ne sera pas inscrit comme ayant été un acteur de premier ordre dans ces moments uniques, non, mais vous en aurez fait partie. Tout comme ceux qui ont assisté à l'Orange Bowl du football semi-professionnel américain de 1961 ont fait partie de l'histoire du football. Ils y étaient comme vous y êtes. C'est là l'essentiel.

Alors, elles viennent ces prédictions? Oui, elles viennent et ne vous surprendront pas. Pas du tout même:
1) Le Québec élira un GOUVERNEMENT MAJORITAIRE;
2) Le GOUVERNEMENT MAJORITAIRE sera sous la responsabilité du Parti Libéral;
3) L'opposition officielle sera confiée au PARTI QUÉBÉCOIS;
4) Il n'y aura pas de deuxième opposition et le parti de MARIO DUMONT disparaîtra de la carte politique québécoise;
5) Aucun autre parti politique n'enverra de député à l'Assemblée nationale du Québec.

Voilà. Mais il y aura, dans cette élection dont le but ultime était de nous débarrasser de l'impasse d'un gouvernement minoritaire - l'économie d'abord, oui... ce n'était qu'un prétexte - au moins deux coups fumants.

Le premier étant que le crapaud ne votera pas pour le Parti Vert. Non. Dans mon comté (Hochelaga-Maisonneuve) le candidat du parti Québec Solidaire est le Dr Serge Mongeau. Impossible pour le crapaud de ne pas voter pour lui.

Le deuxième coup fumant, il est de taille: le crapaud prédit que Mario Dumont sera battu dans son comté de Rivière-du-Loup.

Le crapaud vous laisse méditer sur ces propos et vous invite à voter le 8 décembre mais surtout à vivre entièrement, complètement, historiquement cette journée comme si jamais une autre de cette ampleur ne pouvait survenir.

Au prochain saut


PS Je sais que si Harper tombe, on risque de se retrouver avec Dion. Il faut le faire... un chef démissionnaire, battu à la grandeur du Canada, que ses propres députés abhorent deviendrait premier ministre... Je nous trouve merveilleux d'avoir permis une si subtile situation ( vive les «s»)!

lundi 24 novembre 2008

SAUT: 245


Il faut le faire: à la veille du débat des chefs avec pas tous les chefs, le crapaud se lance dans le début de son analyse politico-électorale en prévison des élections québécoises du lundi 8 décembre prochain.

Il faut le faire: tous les sondages parlent d'une commune voix et leur écho semble s'abattre sur les mêmes murs et ce sont loin d'être ceux de l'enthousiasme des électeurs qui prévoient bouder un peu beaucoup le scrutin, malgré cela le crapaud continue sa démarche.

Il faut le faire: deux des trois chefs connus, les autres n'ayant pas le droit au même traitement médiatique, ont paradé à l'émission radio-canadienne calquée sur la française de France, TOUT LE MONDE EN PARLE, et le crapaud qui ne les pas écoutés, tête haute s'avance sur les sentiers périlleux de la prévision, de la prospective sans avoir pu déguster la quintessence des propos qui y furent échangés.

Tant d'événements flamboyants ne se sont pas encore déroulés au cours de cette campagne automnale qu'il faut sans doute penser, du moins le crapaud le croit, que tout risque de se passer dans la deuxième période de la course. Course, vous le savez très bien, qui en comprend trois, tout comme pour notre sport national. La première étant la mise en place des autobus, des pencartes et de tout l'attirail visuel servant à bien informer, bien instruire le peuple donc le rendre bien au fait des enjeux fondamentaux ainsi que des réponses (parfois semblables, avouons-le humblement) des si peu différents partis politiques... Du moins de ceux dont on nous induit en informations tous les jours... des trois dont l'acronyme s'achève par un Q: un Q pour Québec, je le précise pour les lecteurs du monde entier qui s'intéressent froidement à ce qui se passe actuellement sur notre territoire québécois toujours membre à part inégale de l'ensemble canadien, lui-même assujetti au géant nord-américain.

Vous voyez tout doucement s'installer l'analyse sinon, je ne suis pas clair. Un premier énoncé (je vous le dis tout de suite, il pourrait y en avoir plus ou moins deux) s'impose de lui-même: dans les faits, ceux qui comptent vraiment, qui jouent la vraie «game», nous n'avons que trois partis politiques: le PLQ (les libéraux de Jean Charest), le PQ (les péquistes de Pauline Marois) et Mario Dumont (les adéquistes). Mais le crapaud, soucieux de mener son observation le plus sérieusement du monde, et contre toute attente vous présente, aujourd'hui, la liste officielle de tous les partis politiques en lice pour le vote du 8/12/2008:

Affiliation Québec (faut voir leur drapeau!) ;

Bloc pot (le programme et le plan d'affaires sont plutôt centrés sur le cannabis... surpris?) ;

Mouvement équité au Québec (c'est tout nouveau mais il y a un chef) ;

Parti communiste du Québec (le site annonce leur participation à Québec solidaire) ;

Parti démocratie chrétienne du Québec ( il y a un chef et une vice-chef);

Parti durable du Québec (parti aussi jeune que son chef aussi jeune que son parti!!!) ;

Parti des immigrés du Québec (peu de choses de connues, mais il y a un chef) ;

Parti égalité (parti de droite anglophone avec un chef de droite anglophone) ;

Parti indépendantiste (parti avec des grandes lignes et un chef... indépendantiste tout de suite) ;

Parti marxiste-léniniste du Québec (impossible de trouver le nom du/de la chef(fe) ;

Parti république du Québec (leur sigle ressemble beaucoup à celui du PQ) ;

Parti vert du Québec (Avançons, c'est vert!... j'aime ça. Un chef en prime.);

Québec solidaire (le parti bicéphale qui est POUR POUR POUR);

Union du centre (mais des régions... avec un chef, du moins il me semble!).

Trois (encore le trois!) sont enregistrés dans deux langues:
le Parti libéral du Québec / Quebec Liberal Party (remarquez ici les majuscules que l'on ne retrouve pas en français);

le Parti égalité / Equality Party (idem pour les majuscules);

le Parti vert du Québec / Green Party of Quebec (ibidem).


Bon. Où en sommes-nous?

Énoncé 1: dans les faits on dénombre 17 partis politiques reconnus par le Directeur général des élections du Québec et dans les vrais faits, ce sont 3 partis dont on nous abreuve d'informations un peu partout. Ceci amène le crapaud à s'interroger et vous invite à faire de même, en rappelant qu'une question c'est plus important qu'une réponse.

Est-ce dû au fait que seuls ces trois partis politiques sont représentés à l'Assemblée nationale ou tout simplement parce qu'ils sont seuls à rouler en autobus avec le portrait du chef dessus, qu'ils seront les seuls trois à participer au débat? Voici une piste car je n'ai pas encore vu le bus du parti Union du centre et encore moins celui du Parti démocratie chrétienne du Québec. Et vous?

Est-ce parce la population, habituée à parler de hockey même en été, saisit mieux tout ce qui est présenté sous la coiffe du trois/3/III ?

Est-ce que les trois chefs/cheffes présents(e)s au débat de demain sont dans l'impossibilité de faire la nomenclature des nom/prénom des autres chefs/cheffes de partis et que leurs organisateurs ne souhaitaient pas les voir patauger, debout dans une mare de noms, devant quelques milliers (millions peut-être) de téléspectateurs lorsque celui/celle-ci aurait voulu répondre à un argument de celui/celle-là?

- Vous remarquez combien il est difficile de conjuguer les genres en politique - Aucun impair n'est permis, il faut continuellement s'adresser à lui/elle en même temps, le nommant de Québécois/Québécoise électeur/électrice. Ça complique mais ça implique tout le monde!

Donc, revenons où nous en étions. Nos «est-ce que» ?

Est-ce qu'un débat à 17 (ou + selon les partis bicéphales) serait moins suivi qu'un débat à trois?

Cessons immédiatement ces vaines questions. Il y aura débat et ce sera avec les trois qui ont déjà débattu dans l'arène de l'Assemblée nationale à Québec, devant une télévision (celle des débats parlementaires) ayant, on peut le dire sans risquer de se tromper, un peu moins d'écoute que Radio-Canada.

Le crapaud vous laisse méditer là-dessus et vous reviendra après la rencontre qui lancera la deuxième période de la joute électorale. La troisième étant, le jour du scrutin. Non, il n'y aura ni période supplémentaire ni tirs de barrage...

Le deuxième énoncé portera, vous vous en doutiez bien, sur l'imposante pression qui repose sur les épaules des électeurs, à savoir: devrions-nous élire un gouvernement majoritaire? Si oui, à quel parti devrait incomber cette lourde responsabilité. Si non, pourquoi?

Toute une chronique en vue.

À bientôt.




P.S. (1) Le « Il faut le faire » pourrait devenir un excellent slogan politique. Peut-être pour un dix-huitième parti à fonder...

P.S. (2) Les photos qui illustrent ce saut suggèrent que l'on aurait pu faire le débat dans un autobus, neutre il va sans dire. C'eut été un vrai débat en transport public lui-même en partenariat privé... quelque chose dans le genre!!!

mardi 18 novembre 2008

SAUT: 244



Je sais que vous attendez avec une anxiété non dissimulée l'opinion, plus encore, une analyse de la situation électorale au Québec de la part du crapaud.

Vous connaissez sa perspicacité (on pourrait même avancer... sa clairvoyance...) à déceler le climat politique principalement en temps d'élections: inutile de rappeler les prédictions lors des provinciales de 2007 et les fédérales canadiennes de 2008... Au fait, j'avais prédit l'élection du candidat démocrate Barrack Obama mais tout simplement oublié de le publier sur le blogue. Je sais que vous me croyez sur parole!

Vous devrez malheureusement vous résoudre à attendre encore quelques jours avant que le crapaud n'y aille de son exhaustive observation, le temps d'achever la lecture de tous les sondages, de décortiquer tous les programmes politiques, d'avoir communiqué directement avec au moins la moitié de l'électorat de son comté (Hochelaga-Maisonneuve) qui est loin d'être un comté baromètre, le classant plutôt dans la catégorie des assurés pour le Bloc (au fédéral) et le PQ (au provincial), d'avoir indirectement communiqué avec tous les chefs et «cheffes» des partis politiques en présence (en absence pour certains...) et humblement décliné l'invitation personnelle que m'a faite Bernard Derome de commenter avec lui, en lui et à côté de lui les résultats du 8 décembre...

Vous voyez que faire des prédictions n'est pas une mince tâche et laisse très peu de place à l'intervention aléatoire du hasard... Après cet exercice, au plus tard une semaine avant la grande marche solitaire du peuple vers les isoloirs, le crapaud vous dira ce qui adviendra du Québec au lendemain de l'Immaculée-Conception (le 8 décembre étant encore dans les esprits et les faits, cette fête combien difficile à comprendre).

En attendant, j'achève avec vous cette marche sur la route de la mort... par ces dernières citations.


. La mort n'est pas la pire chose qui puisse arriver aux hommes. Platon

. Une chose qui est toujours sujette à la direction d'une autre est une chose morte.Thomas d'Aquin

. L'esprit désincarné est immortel; rien en lui ne peut vieillir ni mourir. Or, l'esprit incarné voit la mort à l'horizon dès le premier jour de son existence. Thomas Hobbes

. La mort n'est pas un événement de la vie. La mort ne peut être vécue. Wittgenstein

. La mort est le génie inspirateur, le musagète de la philosophie. Sans elle, on eût difficilement philosophé. Schopenhauer

. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l'Ombre
Les morts ne sont pas sous la Terre
Ils sont dans le Bois, dans l'Eau, dans la Foule...
Les Morts ne sont pas morts.
Birago Diop

. La mort ne vous concerne ni mort ni vif: vif parce que vous êtes; mort parce que vous n'êtes plus. Montaigne

. Crois-tu que la vie soit un passage d'une mort à l'autre? Faut-il vraiment transiter par tant de morts pour arriver à vivre? Fernand Ouellette

. Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l'homme, ce n'est pas la mort, mais la crainte de la mort? Épitecte

. La chose du monde à laquelle un homme libre pense le moins, c'est la mort; et la sagesse n'est point la méditation de la mort mais de la vie. Spinoza

. Après la mort, il n'y a rien, et la mort elle-même n'est rien. Sénèque

. Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort. Freud

. Il n'importera pas de se dire quelque chose de précis, mais seulement de se parler. Le langage étant un moyen de communication exclusif de l'homme, tout refus du langage est une mort. Roland Barthes

. La vie des morts consiste à survivre dans l'esprit des vivants. Cicéron

. Quand on ne sait pas ce qu'est la vie, comment pourrait-on savoir ce qu'est la mort? Confucius

. Je voudrais être mort: c'est un souhait fréquent qui prouve, du moins quelques fois, qu'il y a des choses plus précieuses que la vie. Diderot

. La mort rattrape ceux qui la fuient. Horace

. Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés pour se rendre heureux de n'y point penser. Pascal

. Les hommes sont différents dans la vie, semblables dans la mort. Lao-Tseu

. Si la mort était un bien, les dieux ne seraient pas immortels. Sappho

. La mort, le maître absolu. Hegel

. Dans la vie d'un homme, il y a deux dates importantes, celle de sa naissance et celle de sa mort. Tout ce qu'on fait entre ces deux dates n'a pas beaucoup d'importance. Jacques Brel

. Les hommes ne sont convaincus de vos raisons, de votre sincérité, et de la gravité de vos peines, que par votre mort. Tant que vous êtes en vie, votre cas est douteux, vous n'avez droit qu'à leur scepticisme. Albert Camus

. En général, la mort fait que l'on devient plus attentif à la vie. Paulo Coelho

. La vie est une chose étonnante, en effet. Il n'y a que la mort qui l'égale. Jacques Ferron

. Nous savons que chaque homme est mortel, mais non que l'humanité doit mourir.
Simone de Beauvoir
. La mort est un monstre qui chasse du grand théâtre un spectateur attentif, afin qu'une pièce qui l'intéresse infiniment finisse. Casanova

. La mort est d'abord une image, et elle reste une image. Gaston Bachelard


Au prochain saut

vendredi 14 novembre 2008

SAUT: 243



Je travaille actuellement sur un poème qui portera, du moins il le porte pour le moment, le titre suivant: SI MOURIR AVAIT UN SENS.

J'ai visité quelques chemins afin de me nourrir de ce thème, les voici.


. Envisager la mort avec calme ne compte que si nous l'envisageons seul. La mort à deux n'est plus la mort, même pour les incrédules. Ce qui chagrine, ce n'est pas de quitter la vie, mais de quitter celui qui lui donne un sens. Lorsqu'un amour est notre vie, quelle différence y a-t-il entre vivre ensemble ou mourir ensemble? Raymond Radiguet


. Comme celui qui va mourir et qui le sait ne s'intéresse pas au sort de sa femme, sauf dans les romans, il réalise la vocation de l'homme qui est d'être égoïste, c'est-à-dire désespéré.
Raymond Radiguet


. Le grand courage, c'est encore de tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort. Raymond Radiguet


. La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi. Céline


. Nous sommes, par nature, si futiles, que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir. Céline


. Soudain, je compris à nouveau que la mort est notre soeur bonne et sage; elle sait l'heure qui convient et nous devons lui faire confiance. Hermann Hesse


. Personne n'a en effet l'expérience de la mort et voilà tout le malheur de l'homme. Tout ce que nous vivons nous apparaîtrait sous un jour différent si nous pouvions le vivre avec l'expérience de la naissance et de la mort, mais l'une et l'autre ont été refusées à notre conscience. Et ce sont justement les données essentielles. Jan Trefulka


. ... au coeur de ma nébuleuse, dans ce flou de la mort qui enveloppe les survivants, on n'attend pas de la clarté qu'elle fasse toute la lumière.
Jean Rouaud


. Le froid, l'effroi, je connais ces mots
ils ne sont pas des mots
c'est cela qui m'importe
depuis le sang fortuit de naître
vers la mort qui n'est pas le passage
il faut le trouver maintenant.
Puis rien. L'éternité a eu lieu.
Il n'est de passage que de l'espèce
parce qu'après c'est comme avant
Gaston Miron


. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime.
Milan Kundera


. Peut-être l'homme est mauvais parce que, la vie durant, il attend de mourir: et meurt mille fois dans la mort des autres et des choses. Car tout animal conscient d'être en danger de mort devient fou. Fou peureux, fou rusé, fou méchant, fou fuyant, fou servile, fou furieux, fou haineux, fou tortillard, fou assassin.
Tony Duvert


. Ce qui m'intéresse n'est pas qu'il y ait une vie après la mort, mais qu'il y en ait une avant. Fernando Savater


. Mais j'étais abandonnée par mes forces, elles s'étaient sauvées comme un crayon. Quoi qu'on fasse et qu'il en soit, et aussi loin qu'on aille, il faut s'étendre au bout du compte pour dormir, c'est fatal. On a la laisse au cou, la fatigue qui vous retient à la terre finalement vous y tire, et on tombe, toujours, que voulez-vous. C'est l'élastique de la mort. Gaétan Soucy


. Ce n'était pas une mort, mais une tendresse devenue permanente.
Jean Bédard


. ... un ours en colère peut aller jusqu'à retarder sa propre mort simplement pour assouvir sa vengeance. Jean Bédard


. Mourir n'est pas péché: ce n'est que bondir quelques années devant soi.
Jean Bédard


. Une mort qui approche est déjà terrible, mais bien pire est une mort qui approche et qui accorde un sursis, un temps où tout le bonheur que vous avez connu et celui qui aurait pu être le vôtre se précisent à vos yeux. Vous voyez avec une intraitable lucidité tout ce que vous allez perdre. Cette vision vous pénètre d'une tristesse bien plus opprimante que celle qui surgirait dans votre esprit face à une voiture qui fonce sur vous ou aux flots où vous allez vous noyer. La sensation est vraiment insoutenable. Yann Martel


. Le seul voyage incontestable qu'inaugure la mort, c'est celui des vivants qui errent à la recherche de ceux qui n'avaient plus la force de mourir un peu.
Yvon Rivard


. Les êtres moraux, et nous le sommes tous plus ou moins, ne se débattent pas entre le bien et le mal mais entre la vie et la mort. Et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, seuls sont vivants ceux que la mort traque. Yvon Rivard


. Ce ne serait pas la peine de mourir, si on ne devenait pas plus raisonnable après qu'avant. Colette


. Que vais-je devenir jusqu'à ce que je meure? Victor Hugo


. La vie est une maladie qui se soigne... la mort ne se soigne pas.
Nikos Kazantzaki


. Quand les rêves sont éconduits, la mort devient l'ultime salut.
Yasmina Khadra


Et je retourne à ce poème qui devrait bien finir par apparaître ici, un jour ou l'autre.
Je me demandais combien de gens prennent le temps de penser à leur épitaphe? Que dire de soi maintenant qui serait «parlant» une fois mort? Personnellement, si par aventure il me prenait l'idée d'une telle idée, eh! bien (je sais que c'est une faute que d'écrire de cette manière eh bien!, mais je préfère personnellement le point d'exclamation après le «eh» qu'après le «bien») donc, je disais... oh! oui... je crois que j'emprunterais un vers à Lorca ou Saint-Denys-Garneau. Il parlerait de la distance entre avant, maintenant et après... enfin, quelque chose du genre.

Au prochain saut

lundi 10 novembre 2008

SAUT: 242


Trois poèmes fort bien connus mais combien beaux à relire en ce presque milieu de novembre qui de plus en plus nous ressort ses allures d'automne. Verlaine, Prévert et Baudelaire. Placez-vous une petite musique appropriée... Bonne lecture et à la prochaine.



Chanson d'automne (Paul Verlaine)


Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deça, delà,
Pareil à la
Feuille morte.



Les feuilles mortes (Jacques Prévert)


Oh! Je voudrais tant que tu te souviennes
des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle
et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...
Tu vois je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
les souvenirs et les regrets aussi
et le vent du nord les emporte
dans la nuit froide de l'oubli
Tu vois je n'ai pas oublié
la chanson que tu me chantais

C'est une chanson qui nous ressemble
Toi tu m'aimais
et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
toi qui m'aimais
moi que j'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
tout doucement
sans faire de bruit
et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
sourit toujours et remercie la vie
Je t'aimais tant tu étais si jolie
Comment veux-tu que je t'oublie
En ce temps-là la vie était plus belle
et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantes
toujours toujours je l'entendrai

C'est une chanson qui nous ressemble
Toi tu m'aimais
et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
toi qui m'aimais
et que j'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
tout doucement
sans faire de bruit
et la mer effeace sur le sable
les pas des amants désunis.



L'Ennemi (Charles Baudelaire)


Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé ça et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

- Ô douleur! ô douleur! Le temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!

mercredi 5 novembre 2008

SAUT: 241


Si vous avez souvenance du saut: 238, je parlais d'un poème inachevé auquel «Hubble» faisait écho. Ou la suite, je ne sais trop. Il est prêt (l'est-on jamais?, pour le crapaud qui touche, retouche continuellement chaque mot de chaque strophe de chaque poème afin qu'il puisse mieux entourer et parfois contourner l'image afin qu'une autre apparaisse), il est prêt à venir s'étendre ici. Ce poème dont le titre «morceaux d'homme» sera, du moins je l'espère, ce petit et combien nécessaire élan qui me ramènera à cette histoire qui dort depuis Paris 2004, cet automne du début de la retraite, histoire que je croyais simple à écrire mais qui me fait suer... c'est peu dire!

«Hubble», du nom de ce télescope lancé en 1990, presqu'aveugle depuis septembre dernier, celui qui fait le tour de la terre en cent minutes, ce Hubble qui reprend du service maintenant, nous faisant parvenir d'aussi loin qu'il voltige actuellement des images quasi parfaites (du fait qu'il se situe en-dehors de l'atmosphère), le crapaud l'a fait se poser sur Mars afin qu'il puisse vérifier si effectivement on y trouve des «morceaux d'homme». Si oui, lesquels. Si non, pourquoi?



L'intérêt de Hubble réside aussi dans la «loi de Hubble» qui s'énonce de la façon suivante: les galaxies s'éloignent les unes des autres à une vitesse proportionnelle à leur distance. Cela signifie que plus une galaxie est loin de nous, plus elle semble s'éloigner rapidement.

Où cela nous mène-t-il? Eh! bien, directement à ce travail qui me fait face depuis quatre ans et qui traite du mouvement. Il en traite à partir du Paradoxe de Zénon qui démontre que le mouvement n'existe pas. Alors on imagine la situation: Hubble d'un côté et de l'autre, Zénon d'Élée. Je continue et vous tiendrai au courant... Mais je puis tout de même vous dire qu'il aborde le mouvement dans un ensemble plus vaste incorporant la mémoire, la réalité et le langage... En fait, quelque de chose de tellement simple que je m'y perds souvent moi-même ...


D'ici là, voici ce poème: «morceaux d'homme». À lire avec «Hubble» en tête...


très loin
à tout juste un pas de l’horizon
derrière son ombre
un homme
marche à pas feutrés,
en fait, il se suit,
criant aux échos sordides de se taire
puis dépose sur les couleurs du soleil
une pirouette entre air et chair


- arracheuse de corps
ébrancheuse d’âmes -
une main ronde
balaie l’envers courbe des rayons
puis se regarde placidement
tel un puits de lumière
une rotonde
et rampe dans ses propres traces
originel serpent
posant entre hier et demain le geste perdu d’aujourd’hui


un pied bot
imprime sur les arbres
des cartes difformes
comme des entorses
des contrefaçons imperturbables
il repère la carte des chemins
guide universel perdu entre les interstices des trottoirs
hésitant l’intervalle d’un hiatus
d’un frémissement
puis va claudiquant à cloche-pied


un cœur essoufflé
métronome les rêves tel un héraut têtu
un coureur empêtré
un marcheur égaré
il mesure les étoiles annonciatrices de vents
de pistes rabougries par un temps tueur
rafistole de coutures les battements muets,
ceux qui écartèlent les morceaux rapetissés
syncopant vie et mort


des yeux d’âme
rets éclatés
chercheurs d’éternités plus éternelles que les éternités
celles qui recommencent
alors que se rejoignent les fragments
enfouis dans une chrestomathie, entre chaud et froid
sous l’immensité d’un inutile rien
au fond du long tunnel de sang
bariolant l’étroit corridor neuronique


les morceaux d’homme
ne se rejoignent qu’à travers le temps
celui des lauriers-roses qui fleurissent blancs
celui des doigts gercés coupant les fleurs


les morceaux d’homme
s’incorporent aux étoiles satellites
celles qui, jadis, moururent
éclatées d’avoir trop chercher


les morceaux d’homme
gisent dans les mains du néant
celui qui meuble les regards biaisés
où s’amoncelle au cœur d’un cerveau impénétrable
une nourriture transparente




Au prochain saut

samedi 1 novembre 2008

SAUT: 240




Nous entrons dans novembre. Un mois charnière. Un mois-saison à lui seul. Qui s'amuse (le matin) entre l'automne et le printemps, (l'après-midi) nous plonge l'été pour finalement se lancer en plein hiver, (la nuit). Un mois-scorpion. D'Armistice. De feuilles mortes nous regardant sous une légère couche de glace mouillée. Un mois valétudinaire. Porteur de grippe, de noirceur matinale et de fin d'après-midi gris. De vents. De nuages lourds et frileux. Qui clignent des yeux lorsque le soleil les offusque.

Nous entrons dans novembre par la porte de l'été des Indiens. Y glissons sur des pavés verglacés. Les arbres, figés dans leurs dernières grimaces, nous craquent leurs derniers saluts; déshabités, ils regardent mourir à leurs pieds les derniers vestiges d'une saison intermédiaire. Novembre de froid, de neige hésitante. De terre immobilisée se cherchant une dernière posture. Fantôme immobile. Novembre, de mort.

En y entrant, le souvenir de ce texte d'André Fortin mis en musique par Jimmy Bourgoing, le souvenir des Colocs me revient. «Dehors novembre» ouvrira ce mois de trente jours, de huit lettres, le onzième de l'année, celui qui vient du mot «novem» signifiant «neuf», celui qui débute par la Toussaint et la Fête des Morts, les élections américaines, Thanksgiving et l'Armistice, le 11...

Puis:
De la Journée Internationale de la tolérance, le 16, au lendemain d'un certain 15 novembre, celui de 1976...
De la Journée Internationale des Droits de l'enfant, le 20, deux jours avant l'assassinat de JFK, en 1963...
De la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25...

Novembre et ses bizarres de proverbes:
. Quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté;
. En novembre fou engendre, en août gît sa femme;
. Le mois de novembre est malsain, il faut tousser dès la Toussaint;
. À la Saint-Séverin (27 novembre), la neige est en chemin.





DEHORS NOVEMBRE



Dehors novembre, je suis couché sur mon grand lit
Du coin de mon oeil par la fenêtre j'voé l'hôpital
Chu pas capable de croire qu'y faut qu'm'arrête ici
Mais chu tout seul, pis de toute façon ça m'fait trop mal
Mon corps c'est un pays en guerre sur l'point d'finir
Le général de l'armée de terre s'attend au pire
J'ai faim, j'ai frette, je suis trop faible pour me lever d'boute
On va hisser le drapeau blanc un point c'est toute
J'entends le téléphone qui hurle, j'ai des amis
J'voudrais tellement pouvoir me l'ver pour leur parler
Leur dire: « Allô! C'est moi j'correct, j'toujours en vie »
La planète tourne, est pas supposée tourner sans moi
Mon ennemi est arrogant et silencieux
Y s'câlisse ben d'savoir si chu jeune ou si chu vieux
Y'est sûr de lui, y'est méthodique, y prend son temps
Y'est au service d'la mort, y connaît pas les sentiments
Ces derniers jours j'ai dû vieillir de quatre mille ans
En visitant de vieux souvenirs dont chu pas fier

Pour la paix avec ses regrets, ça prend du temps
Je me retrouve cent fois plus fatigué, trop fatigué mais moins amer
L'histoire du monde pis mon histoire sont mélangées
J'viens juste de r'vivre cent mille autres vies en une seconde
Toutes mes conneries pis l'ambition d'l'humanité
Ça r'vient au même, y'a pas d'coupable, y'a pas de honte
Mais chu heureux parce qu'au moins j'meurs l'esprit tranquille
J'vais commencer mon autre vie d'la même façon
J'vas avoir d'l'instinct, j'vas rester fidèle à mon style
L'entente parfaite entre mon coeur et ma raison
L'harmonica c'est pas un violon, c'est pas éternel
Et pis ça pleure comme si c'était conscient d'son sort
D'ailleurs à soir j'me permets d'pleurer avec elle (sic)
J'attends un peu, chu pas pressé, j'attends la mort




Au prochain saut

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