mercredi 23 juillet 2008

SAUT: 224

Pat Conroy



Je me suis demandé, au réveil ce matin, ce que je lisais à la fin de juillet, ces dernières années. De belles choses! Mais, en 1991, quel magnifique souvenir!, j'achevais LE PRINCE DES MARÉES de Pat Conroy. Rapidement je m'installe à relire les citations retenues sans toutefois parvenir à éloigner de mon esprit l'image de... Barbara Streisand. Elle interprétait, et avec quel brio, le rôle de la psychanalyste Susan Lowenstein, en plus d'avoir réalisé le film.


À l'époque, je ne suis pas tellement intéressé à l'auteur; le livre me suffisait, le film en rajouta. Voici ce que j'ai appris de Donald Patrick Conroy :


il est né à Atlanta le 26 octobre 1945;
il est l’aîné de 7 enfants;
il est le fils de Donald Conroy, colonel dans l'US Marine et de Frances Peggy Peek que Conroy décrit comme une beauté typique de Géorgie du Nord;
il dit avoir reçu de sa mère son amour pour la langue et la littérature;
fils de militaire, Conroy a déménagé de nombreuses fois pendant son enfance et sa jeunesse;
ces déménagements incessants, ainsi que le caractère très excessif de son père ont laissé au jeune garçon un sentiment d’insécurité et d’incertitude qui ont sans aucun doute largement contribué à cette quête d’identité que l’on retrouve dans tous ses romans caractérisés par une prose lyrique et toujours chargée d’émotion; il manifeste une prédilection pour les histoires personnelles et familiales sans omettre l'importance particulière qu'il accorde aux lieux;
il s’engage dans la Citadel, école militaire située à Charleston, en Caroline du Sud où il réussit fort bien;
il prend ses distances par rapport à la rigidité du code militaire de l’école s'apercevant que la domination et les actes abusifs de son père se répétaient ici à l’échelon institutionnel;
Conroy prend alors conscience de l’importance de l’individualité et de la liberté personnelle;
son premier ouvrage intitulé The Boo (1970) - il le publie à compte d’auteur -permettra à Conroy de découvrir que l’écriture serait sa passion, sa vocation;
en 1999 Conroy reçoit le prix inaugural W. Lindberg pour ses contributions significatives à l'héritage littéraire de la Géorgie. Il fait partie du Georgia Writers Hall of Fame depuis 2005;
malgré ses succès littéraires et cinématographiques, la vie personnelle de Pat Conroy a été marquée par des conflits avec ses parents, ses frères et soeurs, ainsi que par deux divorces;
L'auteur et son épouse Sandra, également écrivain, partagent leur temps entre San Francisco et la Caroline du Sud.



Le film tiré du livre (Prince of Tides) a été réalisé par Barbara Streisand, en 1991 et met en vedette Nick Nolte et la superbe Barbara.



Voici les citations que j'ai retenues de ce livre fort émouvant:


. ... l'hiver avait été d'un sérieux tétanisant, marqué par l'étiolement et la mort de toutes les illusions et de tous les rêves brillants de mes jeunes années, et je n'avais pas à ce jour trouvé la force intérieure de rêver d'autres rêves; j'étais encore bien trop investi dans le deuil des anciens, inquiet de savoir comment j'allais survivre sans eux.


. Mon corps me trahissait toujours lorsque j'avais l'esprit en déroute, l'âme en souffrance.


. Je veux connaître le moment exact où il fut entendu que je mènerais une vie de malheur absolu dans lequel j'engloutirais tous ceux que j'aime.


. Mais il était bon de sentir monter ces larmes. Elles étaient la preuve qu'à l'intérieur de moi, au plus profond où était scellée ma blessure corrompue, dans l'écorce amère et vulgaire de ma virilité, j'étais toujours en vie. Ma virilité! Comme je détestais être un homme, avec ses responsabilités implacables, son compte de force sans faille, son goût stupide de la bravade. J'avais en horreur la force, le devoir, la permanence.


. J'étais tombé dans le piège que je m'étais tendu à moi-même en acceptant au pied de la lettre la définition de moi conçue par mes parents. Ils m'avaient défini très tôt, inventé comme un mot inscrit dans un hiéroglyphe mystérieux, et j'avais passé ma vie à me conformer à cette trompeuse invention. Mes parents avaient réussi à me rendre étranger à moi-même.


. J'avais besoin de renouer avec une chose que j'avais perdue. Et quelque part, j'avais perdu le contact avec l'homme qui existait potentiellement en moi. J'avais besoin d'accomplir une réconciliation avec cet homme à naître, besoin de l'amener en douceur à sa maturité.


. Je pensais avoir réussi à ne pas devenir un violent, or même cette certitude s'effondra: ma violence à moi était souterraine, elle ne se voyait pas. C'était mon silence, mes longs moments de repli, dont j'avais fait une arme dangereuse. Ma méchanceté se manifestait dans l'effroyable hiver des yeux bleus.


. J'ai essayé de comprendre les femmes, et cette obsession s'est soldée pour moi par la rage et le ridicule. Le gouffre qui nous sépare est trop vaste, océanique et perfide. Une véritable chaîne montagneuse fait rempart entre les sexes, sans qu'existe aucune race de sherpas exotiques pour traduire les énigmes de ces pentes mortelles qui nous séparent. Pour avoir échoué à connaître ma mère, je me suis refusé le don de connaître les autres femmes qui croiseraient ma route.


Si vous choisissez de voir le film, lisez d'abord le livre... puis tombez en amour avec Barbara Streisand!

Au prochain saut

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