mercredi 28 mai 2008

SAUT: 212


Pour ce dernier saut de mai, quelques citations qui tournent, contournent et retournent au concept de liberté...

. Retrouver soudain sa liberté ne va pas sans souffrance et sans responsabilités nouvelles.
Shirley MacLaine

. La liberté, c'est l'aptitude à arrêter des choix et à prendre des décisions, et la capacité d'en assumer les conséquences.
Colette Portelance

. C'était un rêve, et ce n'était pas un rêve. C'était la vérité sous les habits du rêve.
Yann Queffélec

. Rien n'est vrai, rien n'est faux, tout est songe et mensonge.
Lamartine

. Un ange en enfer vole dans son propre petit nuage de Paradis.
Maître Eckart

. Je crains moins l'austérité ou le délice des uns que la souplesse des autres.
Saint-Just

. Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité.
Jean Cocteau

. Il faut du temps pour manoeuvrer un bateau une fois qu'il est parti.
Justin Gaarder

. Le monde entier est une scène
Hommes et femmes, tous, n'y sont que des acteurs,
Chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties,
Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles.
Shakespeare

. What if you slept? And what if, in your sleep, you dreamed? And what if, in your dream, you went to heaven and there plucked a strange and beautiful flower? And what if, when you awake, you had the flower in your hand? Ah!, what then?
Coleridge

. Les outils de l'esprit deviennent des fardeaux quand l'environnement qui les a rendus nécessaires n'existe plus.
Henri Bergson

. Il apparaît qu'un type étrange de chaos peut se cacher derrière une façade d'ordre, et pourtant, au plus profond du chaos se cache un type d'ordre encore plus étrange.
Douglas Hofstadler (pionnier de l'intelligence artificielle)

. Le courage ne dissipe pas l'anxiété. Puisque l'anxiété est existentielle, elle ne peut être dissipée. Mais le courage absorbe en lui l'anxiété de ne pas être... Celui qui ne réussit pas à assumer courageusement son anxiété ne peut réussir à éviter le désespoir qu'en s'évadant dans la névrose. La névrose, c'est le moyen d'éviter de ne pas être en évitant d'être.
Paul Tillich

. Je peux m'accomoder du doute et de l'incertitude. Je crois qu'il est beaucoup plus intéressant de vivre sans savoir que d'avoir des réponses qui risquent d'être fausses.
Richard Feynman

. Être libre, c'est répondre de nos actes, et l'on répond toujours devant les autres, avec les autres comme victimes, comme témoins et comme juges.
Fernando Savater

. ... lorsqu'on nage dans le méthane, on craint les étincelles...
Jean Bédard

. Plus la nuit est noire, plus on peut voir de soleils dans le ciel. Pendant le jour, on ne peut voir que le sien.
Justin Gaarder

. Les pensées déposées sur le papier ne sont rien de plus que la trace d'un passant sur le sable. On voit bien la route qu'il a prise; mais pour savoir ce qu'il a vu sur la route, on doit se servir de ses propres yeux.
Schopenhauer

. Nul n'a jamais écrit ou peint ou sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.
Antonin Artaud

. La liberté n'est pas une philosophie, pas même une idée: c'est un mouvement de la conscience qui nous pousse, à certains moments, à prononcer deux monosyllabes, Oui ou Non. Dans leur brièveté instantanée, comme dans la clarté de l'éclair, c'est le signe contradictoire de la nature humaine qui se dessine.
Octavio Paz

. ... personne ne peut être libre à ta place.
Fernando Savater

Au prochain saut

vendredi 23 mai 2008

SAUT: 211



Un mois de mai en dents de froid et de pluie, exactement ce que nous aurions souhaité pour avril mais qui a choisi d'arriver au moment où notre corps et notre âme exigent davantage de soleil et de chaleur. Un mai désiré comme une suite à la plage cubaine, aux couleurs sur la mer, à cette si douce température qu'elle nous pousse à croire que ça pourrait être ainsi tout au long de l'année.

Un mois de mai... trois lettres seulement pour dire le printemps et ses nécessaires retours, éclosions, ses magnolias puis ses lilas qui regardent de haut les tulipes, les crocus et les jacinthes qui osent pointer leur tête hors de la terre encore froide. Des jardins à refleurir, des potagers à bêcher, à nourrir, en qui croire.

Un mois de mai qui cherche une lune plus chaude, plus maternelle, une lune marine.

Un mois de mai...

Les feuilles du bouleau qui s'accaparent de la moitié de ma fenêtre et se confondent à celles de l'érable planté dans le trottoir face à la maison, comme un grand urbain qu'il est, les feuilles du bouleau me rappellent nos messages de l'automne dernier. Les arbres cultivent la mémoire et savent nous chatouiller les yeux afin que le souvenir demeure, collé aux verts des feuilles.

Lui, ce bouleau blanc qui n'a jamais vu la forêt, n'a jamais rêvé d'autre chose qu'à ce soleil derrière la maison venant doucement à sa rencontre en milieu d'après-midi, ce bouleau sait comment attiser les souvenirs. Il n'a qu'à bouger un peu, frétiller je dirais, pour que les couleurs de maintenant rejoignent celles de l'hiver puis celles de l'automne.

Je lui ai donné un nom. Nous sommes les seuls, lui et moi, à le connaître. Il le porte pour deux raisons: la première, parce qu'il est un spécialiste de la couleur et la deuxième, parce qu'il possède la forme d'un glaive tendu vers le ciel. Ce bouleau reflète la couleur, en fait toutes les couleurs autour de lui et il le fait avec une simplicité tellement pure que chacune d'elles conserve son originalité puis s'ouvre aux autres avec grâce et tendresse. Ce bouleau blanc a la forme d'un glaive tendu lorsque sa silhouette court vers le ciel, on n'a qu'à bien regarder pour s'en apercevoir. Voilà pourquoi je lui ai prêté le nom de Federico Garcia Lorca.

Le poète espagnol qui écrivait
«Sur la plage la mer danse
un poème de balcons.»
me permettra sans doute de modifier ses mots
«Sur la vitre le bouleau danse
un poème de balcons.»

Un mois de mai... espagnol et urbain... à travers lequel j'entends cet écho souterrain...




l’écho souterrain


l’écho insolite troue l’espace
une plume d’ange s’enfuit

la rame du métro s’arrête
- personne ne descend -
repart dans le même bruit
celui d’un insolite écho troublant l’espace

le noir souterrain remue
bousculant les murs que la publicité salit
alors que le train, étourdi à suivre des lumières bleues,
se dirige vers le prochain arrêt

rien

que l’écho stationnaire
collé aux portillons qui s’ouvrent
puis se referment dans le silence de cinq heures
un silence bondé de solitudes lasses

rien et un peu moins

un écho qui étourdit les oreilles
qui chiffonne un journal recyclé
qui cherche dans si peu d’espace
celui qu’il empruntera pour se cacher

à nouveau le train s’arrête
retenu par une panne de courant inattendue
l’écho souterrain se dissipe dans l’espace insolite
et sort… underground...
dans un grand soleil d’ange


Au prochain saut

samedi 17 mai 2008

SAUT: 210



C'est entre magnolias et lilas, chère Alice, que vous avez choisi de partir.

C'est entre vos deux filles, debout l'une près de l'autre et près de vous, dans cette douceur d'un printemps arrivant, dans la chaleur d'un jour de mai, que vous avez ouvert les yeux, et les avez, chère Alice, refermés.

Au printemps.

À l'heure du silence.

À cette heure, chère Alice, où tout a lieu entre nous et soi et l'autre, un peu comme si nous savions que ce serait ainsi que cela devait se faire.

Chère Alice, je vous dis au revoir, retenant l'espace d'un instant votre main pour y glisser quelques peines que vous saurez transporter avec vous vers ceux qui savent qu'on ne les oublie pas.

Adieu, chère Alice.

Entre lilas et magnolias.


Le crapaud

samedi 10 mai 2008

SAUT: 209


Aucune idée pouvant expliquer le fait que le crapaud se soit remis à la re-lecture de Kafka. Bon! passer au travers de l'oeuvre de Francis Carco, un auteur qui m'intéressait à une certaine époque (surtout par sa poésie) mais le temps, cet injuste organisateur, m'avait toujours ralenti m'empêchant de me rendre jusqu'au bout, ça peut se comprendre. Mais Kafka? Pour ses images tellement... j'ose dire effrayantes mais je préfère «hyperréalistes» et ce merveilleux don de la question menant à une autre puis une troisième sur des sujets décrits comme un procès-verbal... Pour... je ne sais trop...

Voici quelques citations qui n'ont rien à voir avec ni l'un ni l'autre de ces deux auteurs mais qui feront certainement votre bonheur. Bonne lecture.

. Je crois que nous ne devrions entrer en compétition qu'avec ce que nous avons de meilleur en nous. Shirley MacLaine

. Pour certaines personnes, il est tellement important de faire comme les autres qu'elles se trouvent totalement coupées d'elles-mêmes. Colette Portelance

. D'étape en étape, où le plaisir, où la gêne se combinent et grandissent, ils peuvent lire chacun dans les yeux de l'autre l'expression de leur propre émotion. Point n'est besoin de déclaration. Robert Louis Stevenson

. L'espace est la pause qui rétablit les êtres dans les perspectives que leur a assignées l'univers. Jean O'Neil

. Il ne faut jamais faire de mal aux gens qu'on aime. On le regrette après, quand ils s'en vont. On le regrette toute sa vie. Yann Queffélec

. ... j'ai eu une intuition. C'est dangeureux, les intuitions, c'est pire que du napalm, ça brûle en profondeur, ça se rend jusqu'aux électrodes qu'ils piquent dans l'âme. Jacques Godbout

. On est tous au même niveau, on sert tous à foutre le bordel dans la vie des autres. Stéphane Bourguignon

. Vous n'avez jamais eu besoin de quelqu'un qui puisse enfin vous assurer dans vos propres bottes; et souffert d'attendre, souffert d'avoir, souffert de perdre! Jean Giono

. Dans l'espace de la mémoire, toute chose est à la fois elle-même et une autre. Paul Auster

. Mais en attendant, toute la vie que tu as, que tu auras jamais, c'est aujourd'hui, ce soir, demain, aujourd'hui, ce soir, demain, et ainsi de suite indéfiniment (espérons-le). Tu ferais donc mieux de prendre le temps qui vient et d'en remercier le sort. Ernest Hemingway

. Le temps consolide parfois les choses, mais la plupart du temps, il les use. Yves Beauchemin

. L'inquiétude attire les reproches qui éloignent l'amour, l'inquiétude fronce de rides les passions les plus jeunes. M'aimes-tu encore, à quoi tu penses, pourquoi tu ne téléphones pas, les pauvres questions de l'inquiétude créent, à partir de rien, des monstres qui deviennent réels. Monique Proulx

. Les expériences d'autrui ne sont jamais que des mots et en tant que mots viennent se mêler au flot quotidien de toutes les autres paroles qui, à peine prononcées, perdent aussitôt leur signification. Jan Trefulka

. Il voulait extérioriser son monde intérieur, rien d'autre, son monde intérieur, qu'il trouvait plus merveilleux que tout ce qu'avait à lui offrir le monde extérieur. Patrick Süskind

. Les droits imprescriptibles du lecteur:
1) Le droit de ne pas lire.
2) Le droit de sauter des pages.
3) Le droitde ne pas finir un livre.
4) Le droit de relire.
5) Le droit de lire n'importe quoi.
6) Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7) Le droit de lire n'importe quoi.
8) Le droit de grappiller.
9) Le droit de lire à haute voix.
10) Le droit de nous taire.
Daniel Pennac


Au prochain saut

dimanche 4 mai 2008

SAUT: 208


La chanson célèbre «On n'a pas tous les jours 20 ans», il faudra modifier le 20 pour 60...

C'est aujourd'hui qu'Om'A, la louve...
Om'A, la poétesse...
Om'A, la mère, la mère-grand et sa mère...
Om'A, la yogi en ski...
Om'A, la remueuse de terre, de fleurs...
Om'A, la bècheuse de mots, l'engagée, l'outaousaise...
Om'A, eh! bien oui, elle a 60 ans.



Un anniversaire qu'elle ne souhaite pas voir souligner en grandes pompes, mais croyait-elle vraiment qu'on puisse le passer sous silence? Comment imaginer du silence pour cette femme de mots, de paroles et de projets. De continuels projets.

En 60 mots - et peut-être un peu plus - te dire, ma chère OM'A toute mon affection, souligner bien modestement ce 4 mai (le quatre est si présent dans ton féminin quotidien, ton féminin mère, mère/ fille et petite-fille) de l'année de grâce 2008...

Je tiens d'abord à te citer (Éloïse, poste restante -Lettres à une enfant disparue):

. L'année vient juste de basculer et je la resasse en revivant ce premier cycle complet sans toi. À jamais finie la ronde des premières fois: première semaine, premier mois, premier printemps. Dis-moi, jusqu'à quand s'entête-t-on à comptabiliser l'absence, à mesurer le vide, à quantifier le manque? Dans quel but? Je sais qu'on fait la même chose avec le bonheur, fêtant les anniversaires et faisant que leur nombre ait des saveurs de victoire. Mais les grandes pertes, dis-moi, pourquoi s'acharner? Est-ce pour se prouver qu'on a survécu au pire, qu'on se rappelle encore, qu'on n'oubliera jamais? Ai-je vraiment besoin de mesurer ma peine et de faire le décompte des jours, pour savoir que ma vie ne reprendra jamais avec autant de souffle et d'innocence puisque tu m'as quittée? Loïse Lavallée,

J'ai cherché dans mes poètes et poétesses préférés afin d'y trouver ce passage, ces soixante mots qui sauraient mieux que moi te dire, te dire comme moi je te vois. Voici ce que j'ai trouvé et que je t'offre.

Le saut de l'ange (Denise Desautels)

Dans mes premiers rêves, un ange venait vers moi, avec une insoutenable douceur, la tête légèrement inclinée, les lèvres souriantes, sa main gauche tendue vers la mienne; puis il s'immobilisait à quelques pas de moi, tenait la pose jusqu'à la fin du rêve, guettant une audace, quelque compromission de ma part qui aurait trompé son attente.

Au fil des ans et de nuit en nuit, sa couleur pâlit, sa forme finit par s'effacer.
Un jour la scène devint noire. Aujourd'hui j'entre dans mes rêves, sans aucune protection contre les mots qui aboient dans le sommeil et s'imposent avec une implacable clarté.

*

L'air circule, bleu et presque trop léger, parmi les oeuvres et les gestes ordinaires.
Après on se déplace naturellement, quelques centimètres au-dessus du sol, comme si la lumière était innée, comme si vivre était enfin palpable.

Je reviens toi, ces deux extraits des Lettres...

. Je ne pensais pas, vois-tu, que la mort s'installait ainsi par étapes, par degrés, qu'elle pouvait prendre un temps interminable à creuser son trou. Loïse Lavallée


. J'ai pourtant peur de ne pas t'avoir suffisamment appréciée lorsque tu étais du même voyage que moi. Si seulement on savait avant la mort de l'autre ce qu'on découvre après. Ou bien est-ce le non-retour qui fait prendre à ce qu'on sait déjà des proportions qui coupent le souffle et les bras? Loïse Lavallée

Je te souhaite un beau soixantième; que cette année te permette d'achever ce que tu as entrepris et d'entreprendre les soixante... projets et plus que tu as en tête.

Affectueusement, Le Crapaud, qui te rappelle cette phrase de notre chère Hélène Grimaud - un concert bientôt, ensemble? - qui disait «j'ai compris que se souvenir, c'est aussi inventer. La mémoire est l'art magique de la composition.»



Au prochain saut!

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...