samedi 29 mars 2008

SAUT: 203


À quelques heures de son départ pour Cuba (une autre fois, diront certaines mauvaises langues) le crapaud vous offre une petite réflexion sur notre monde ainsi qu’un poème de José Marti, le poète cubain dont les paroles citées sont presque retenues comme l’hymne national de la plus belle île du monde.


Si la population mondiale pouvait être contenue en un village de 100 personnes et si l’on maintenait les proportions actuelles de tous les peuples existant sur la Terre, notre village se composerait ainsi :
* 57 Asiatiques;
* 21 Européens;
* 14 Américains (Nord, Centre et Sud);
* 8 Africains.

On retrouverait, dans notre village fictif :
- 52 femmes et 48 hommes;
- 30 blancs et 70 non blancs;
- 30 chrétiens et 70 non chrétiens;
- 89 hétérosexuels et 11 homosexuels;

Le plus étonnant serait que :

- 6 personnes posséderaient 59% de la richesse totale et les 6 seraient Américains;
- 80 personnes vivraient dans des maisons vétustes;
- 70 seraient analphabètes;
- 50 souffriraient de malnutrition;
- 1 serait en train de mourir;
- 1 serait en train de naître;
- 1 posséderait un ordinateur;
- 1 (oui, un seulement) possèderait un diplôme universitaire.
Si on pouvait considérer le monde de cette manière, le besoin d'accepter et de comprendre devient évident.

Êtes-vous né du bon côté des choses?

Prenons également ceci en considération:

· Si je me suis levé ce matin avec plus de santé que de maladie, je suis plus chanceux que le million de personnes qui ne verra pas la semaine prochaine.

· Si je n’ai jamais été dans le danger d'une bataille, jamais connu la solitude de l'emprisonnement, jamais souffert l'agonie de la torture, jamais été tenaillé par l'étau de la faim, je suis mieux loti que 500 millions de personnes.

· Si je peux aller à l'église ou dans un temple sans peur d'être menacé, torturé ou tué, j’ai alors plus de chance que 3 milliards de personnes.

· Si j’ai de la nourriture dans mon réfrigérateur, des habits sur, un toit et un endroit pour dormir, je suis plus riche que 75% des habitants de la planète.
· Si j’ai de l'argent à la banque, dans mon portefeuille ou même simplement de la monnaie dans une petite boîte, je fais partie des 8% les plus privilégiés du monde.
· Si mes parents sont encore vivants et toujours mariés, je suis une personne réellement rare.
· Enfin, si je peux lire ce texte, j’ai la chance de ne pas faire partie des deux milliards de personnes qui ne savent pas lire...


C’était un homme en déroute
C’était un frère sans doute
Il n’avait ni lien ni place
Et sur les routes de l’exil
Sur les sentiers sur les places
Il me parlait de sa ville

Guantanamera (province de Gunatanamo)
Guajira (jeune fille, petite paysanne de la province)
Guantanamera, Guantanamera,
Ma vie le guantanamera.

Là-bas sa maison de misère
Était plus blanche que le croûton
Les rues de sable et de terre
Sentaient le rhum et le melon
Sur leur jupon de dentelle
Dieu que les femmes étaient belles.

Il me reste toute la terre mais
Je n’en demandais pas tant
Quand j’ai passé la frontière
Il n’y avait plus rien devant
J’allais d’escale en escale
Loin de ma terre natale.

José Marti







mardi 25 mars 2008

SAUT: 202



Ce matin, le crapaud pige dans un cahier de lecture, le premier, celui qui achève maintenant d'être vidé de son contenu et vous offre, en vrac, quelques citations aussi éloignées l'une des autres que les auteurs qui les ont commises.

. Les rêves que les parents font pour leurs enfants ne se réalisent jamais... On ne peut bâtir en rêve une vie pour autrui, on peut seulement façonner sa propre vie.
Bruno Bettelheim


. Dans notre siècle il faut être médiocre, c'est la seule chance qu'on ait de ne point gêner autrui.
Léo Ferré


. Aimer, c'est ne plus comparer.
Bernard Grasset


. Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a.
Thomas Corneille


. Nous ne devons rien négliger qui puisse donner à la vérité une chance de nous atteindre.
John Stuart Mill


. Aimer, c'est partager avec un être ce qu'on a envie de partager avec aucun autre, c'est se dépouiller de ce qui est enfoui en soi: le bon et le mauvais; c'est donner son âme aussi totalement que son corps. Sinon, si c'est pour vivre en surface comme avec les autres et commenter les nouvelles du jour, je ne vois pas bien l'intérêt.
Françoise Dorin


. Il faut que les gens qui pensent qu'ils ne connaissent rien se rendent compte qu'ils en connaissent plus qu'ils pensent et que leur connaissance est aussi valable que n'importe laquelle.
Fernand Séguin


. Arrivez là où vous vouliez en venir, à force de lutte, et vous ne sentirez plus la douleur.
Shirley MacLaine


. L'amour, c'est la clé de la motivation, c'est ce qui donne envie de vivre, de créer, de se propulser et de propulser les autres.
Colette Portelance


. La peur n'est qu'un mauvais rêve à briser.
Yann Queffélec


. L'essence de l'amour, c'est la gentillesse. Ce pourrait être même sa meilleure définition. Une gentillesse passionnée... La gentillesse devenue frénétique, importune et violente.
Robert Louis Stevenson


. L'espace est cet intervalle indéfinissable que l'univers se ménage entre deux concepts bien établis.
Jean O'Neil


. Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir parce que la lumière me gêne.
Boris Vian


. Écrire, c'est ma façon d'être silencieux.
Jacques Godbout


. J'ai eu raison dans tous mes dédains: puisque je m'évade.
Arthur Rimbaud


. L'humain déborde de résignation et possède, enfouie dans ses fibres les plus secrètes, la vocation de la douleur.
André Langevin


. Le beau métier d'homme est le métier d'unir les hommes.
Saint-Exupéry


. Et je veux dévorer du temps, tu m'entends, dévorer du temps comme un avaleur de sable, planté debout, gueule ouverte, sous le trou du grand sablier de l'éternité.
Stéphane Bourguignon


. Il ne suffit pas de faire le bien, il faut encore le bien faire.
Diderot


. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses.
Albert Camus


. La mémoire: espace dans lequel un événement se produit pour la seconde fois.
Paul Auster


. ... et le respect, ici, c'est de ne laisser d'illusions à personne.
Jean Giono


Au prochain

lundi 17 mars 2008

SAUT: 201

Il faut beaucoup aimer pour agir comme le crapaud le fait ce matin. Pour ceux et celles qui ont lu les différents poèmes du crapaud, vous savez que le «je» est absent. C'est un choix personnel. Je(le crapaud) l'assume et l'explique du fait que la poésie comme elle me parvient, le fait sous forme d'images que je transcris en mots. Ces images n'ont que fort peu de lien avec qui je suis, ce que je vis ou encore ce que... n'importe quoi.... Elles m'arrivent comme des coups de tonnerre suivis d'éclairs (ou l'inverse). Je les note. Puis les rassemble selon une inspiration se transformant en lignes d'écriture. De toute manière, je trouve que la poésie n'a rien à voir avec le journal personnel qu'un diariste nous propose. Et comme le «je», selon Rimbaud, est un autre, autant l'éviter ou faire comme le poète québécois Danny Plourde, le supprimer à moitié, c'est-à-dire l'exclure mais accepter les possessifs de la première personne du singulier.

Il faut beaucoup aimer pour agir comme le crapaud le fait ce matin, parce que le poème qui suit tablette depuis «x y z » années. Quand j'ai commencé à écrire des poèmes (début des années '60), ma famille vivait en appartement face à un grand boulevard qui s'appelait à l'époque «la route 9» par la suite, boulevard Laurier. Dans ce logement, un bureau. Vert. Un divan en cuir froid. C'est là que j'(le crapaud)écrivais en écoutant la musique des Kreisler, Paganini, Litsz et Debussy sur une toute minuscule table tournante non stéréophonique, de la musique sur disques Columbia: notre père s'était abonné et nous écoutions un album différent par mois.

Je ne me souviens pas du premier poème mais me rappelle très bien de ce cadre, au-dessus du divan, celui dans lequel jaunissait le diplôme que mon père reçut à la fin de son cours, attestant son droit à enseigner. Il était paraphé, ce diplôme, de la main du Surintendant de l'Instruction Publique, un certain monsieur Delage. Mes premiers poèmes, c'est à partir d'un des prénoms reçus à ma naissance, soit Herman, et Delage, à partir de ce cadre, que je les signais. Ça devait faire plus «poétique» d'utiliser un pseudonyme!

Le poème que vous lirez et sur lequel j'aurai planché très longtemps, se veut un coup de chapeau à ce bureau, ce début d'une aventure qui s'étire encore.

Je me demande ce qu'est advenu à ce cahier de poèmes dans lequel je transcrivais ces premières oeuvres et offert à cette cousine Marie-Anne, celle qui insistait inlassablement pour que je continue à écrire?

Le voici.


herman delage, l’anatife*


un oiseau griffe la neige
l’autre, la bécote


(herman delage,
du fond de son cadre,
n’a pas plus bougé
que s’il existait réellement)


s’envolent les oiseaux du boulevard
s’incrustent les autres


(herman delage
racontait le froid du bureau vert
comme s’il le connaissait vraiment)


des nuages d’oiseaux sont en feu
d’autres pleuvent


(herman delage
divaguait sur un divan en cuir froid
comme si, inutilement, il se parlait)


les choses connues s’éloignent
une fois dessus, se reconnaissent


(herman delage
était plus vivant
une fois mort)


d’immobiles marionnettes cherchent dans la neige
des personnages au regard pérenne


(herman delage
recherchait encore celui
qui le nommait aux jadis)
et que trouvera-t-il dans l’immobile passé ?

(herman delage
attachera au cou du temps
un collier tintinnabulant de mille coups)


des oiseaux-marionnettes sur des nuages en feu !
ou


(herman delage
soufflera sur la feuille morte
pour en extraire le vent)


des silences condamnés à être fusillés !
ou


(herman delage
bouchera les trous de la clôture
avec des fœtus desséchés)


une main tendant la lettre de laquelle tombent des mots !
ou


(herman delage
se peindra une couche de folklore
sur le dos)


les aiguilles d’une horloge piquant les chiffres pour s’en faire un collier !
ou


(herman delage
nommera les bruits éclaboussés
sur les murs de nos hontes)


des cordes à linge silencieuses dans le froid des glaçons !
ou

des oiseaux, tête enfourchée sous leur aile !
ou

des feuilles mortes courant derrière de petits sacs en papier !

herman delage
l'anatife noyé
dans son cadre
du bureau vert et froid
sur un fauteuil en cuir

* anatife : crustacé qui se fixe aux objets flottant en mer.

Au prochain

jeudi 13 mars 2008

SAUT: 200



Il en aura mis du temps avant de s'installer bien confortablement tout à côté des autres, ce deux centième. D'abord, je ne savais trop comment le titrer: en chiffres ou en lettres. Je me suis offert quelques exemples. Les voici:
Le 200 ou le 200ième: trop mathématique;
Le deux centième saut de crapaud: trop traditionnel;
Le saut deux cent ou le saut 200: comment j'allais continuer par après? deux cent un ou 201;
finalement, j'ai opté pour saut: 200. Plus facile par après... si!

Deuxième chose qui posait problème: son contenu. Fallait-il, comme au centième saut, y aller d'une espèce de bilan, de synthèse, de projection et de lancement vers la suite? Trop traditionnel. J'ai opté pour quelques coups d'oeil. Ne soyez sans crainte, il n'y en aura pas deux cents...


Le premier coup d'oeil du crapaud, sera une question. Fondamentale. Est-ce que je continue?


La deuxième: si je continue, sous quelle forme.


La troisième: si je ne continue pas, est-ce que j'irai enfin terminer les petits chantiers actuellement en cours, qui s'enlisent lamentablement sur un disque dur où tellement de place est disponible? Et par après, que faire avec cela?


La quatrième et dernière: le symptôme (devenu quasi un syndrome...) de la page blanche (est-ce que l'expression est toujours congruente lorsqu'on écrit sur des «fenêtres») me poursuit-il avec férocité au point de tout laisser et redevenir ce que fondamentalement je suis et toujours été, c'est-à-dire un lecteur affamé? Pourquoi me faire souffrir à m'obligeant à «sauter» régulièment. Est-ce que j'en n'aurais pas un peu mar(r)e?


Bon. Sautons sur la première question: EST-CE QUE JE CONTINUE?


Je considère qu'avoir offert deux cents sauts représente une belle réussite et n'ose pas imaginer combien cela fait de pages sur cette toile virtuelle aux ramifications entremêlées m'ayant permis de rencontrer des gens d'un peu partout sur cette petite Terre. Réussite car en un peu plus de deux ans, le crapaud (ça vit jusqu'à quel âge un crapaud?) a pu répandre ses écrits, souvenirs ou tout autre chose au fil des jours avec enthousisasme, même si parfois il en a bavé... Tout ce qui se retrouve sur ce blogue est éclectique, allant des contes aux nouvelles, de poèmes personnels ou d'auteurs en citations, photos et des hommages à des gens qui me sont proches ou maintenant disparues. Des humeurs également. Des opinions. Des trous de mémoire. Des regards à travers ma fenêtre montréalaise sur laquelle miroitait de la Gaspésie, de la France et combien de lieux imaginaires.... Des souvenirs de lectures anciennes, retrouvées pour l'occasion; de lectures actuelles qui, souvent, me ramenaient à des auteurs ayant marqué mon adolescence, ma vie professionnelle mais surtout mon imagination et profondément mon imaginaire... Pour cela, je ne puis que continuer.

Deuxième. QUEL FORME ?


L'avantage d'un blogue que je définirais comme un espace à remplir, un grand trou noir sur une page blanche, un 5 à 7 non imposé dans un lieu de rencontre imaginaire, que son avantage premier est de pouvoir revêtir toutes les formes possibles et impossibles. LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON (j'annonce tout de suite qu'il ne changera pas de titre) avec le temps, deux cents sauts plus loin, a été, est et demeurera un étang multiforme et multicolore, sur lequel les éléments qui l'ont caractérisé jusqu'à maintenant y flotteront. Sauf, que je ne m'impose pas d'objectifs à suivre, des buts à réaliser... je souhaite qu'il demeure pour moi, ce lieu secret ouvert sur tout le monde...


Troisième: Finalement, elle ne se pose plus.


La quatrième. La pire. L'histoire de la page blanche.C'est tellement vrai. Quelqu'un me rappelait qu'en écrivant régulièrement - tous les jours, parfois à la même heure, au même endroit, disait-il- de manière presque automatique, eh! bien cela prévenait ce symptôme. Le problème, c'est que je préfère lire qu'écrire. Lire partout. N'importe quoi. Trois livres à la fois: un roman, un recueil de poèmes et un livre plus, disons, plus sérieux... Voilà le problème. Le vrai, le véritable, le seul et l'unique. Et de plus, je crains beaucoup qu'en écrivant de manière non-symptômatique, j'en arrive à écrire un peu à la celui-ci ou à la celle-là. Je ne sais pas si je possède un style, ce que je sais toutefois, c'est que le blogue m'oblige à déroger à ma façon habituelle d'écrire qui est la suivante: premier jet... repos de quelques jours... deuxième jet (souvent la correction de la première épreuve) ... repos... et finalement, réécriture entière du texte. C'est long! Longtemps! Pour illustrer cette démarche, je cite cette histoire de marionnette qui en est encore au stade embryonnaire, à l'âge du tétard tout au plus... Mais j'y retourne, périodiquement, et ça traîne, ça ne saute pas haut.... L'avantage toutefois en «bloggant», c'est qu'on ne sait trop à qui on s'adresse (mis à part les courriels qui suivent certains sauts ou les commentaires déposés directement sur la page) on ne connaît pas son auditoire, ce qui nous délivre de cet engagement un peu quelconque à déposer absolument une trace quotidienne de son passage ou du moins régulière. C'est beaucoup pour soi que tout cela se fait... et se continue.


Donc, je (nommément appelé Le Crapaud) poursuis.
Donc, ça sera un peu dans la même veine.
Donc, il risque d'y avoir un saut de crapaud, dans deux jours ou environ plus ou moins... à peu près...


Dernier petit détail: la règle de «cent»... Au pluriel si et si... Je pense qu'elle a joué un peu dans ma retardataire écriture du saut 200.

Au prochain....

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