jeudi 31 mai 2007

Le cent soixante-quatrième saut de crapaud (24)


Chapitre 58



- J'en suis certaine. Il y a eu du bruit au sous-sol, dit Caro redoutant le moment où quelqu'un ou quelque chose se manifesterait dans cette maison.
- Allons voir ce qu'il peut bien y avoir dans cette pièce, reprit Mario.
- C'est peut-être le gros bonhomme et son chien qui sont en bas. Ils vont monter et nous zigouiller, continua Caro.
- Comment fera-t-il pour tous nous zigouiller en même temps? demanda Rock.
- Avec une bombe atominque miniature portative, dit Annie.
- Ne restons pas plantés là comme du blé d'Inde, termina Mario en ouvrant le troisième porte.
- Pas peur, Raccoon, y zigouillera rien icitte, le gros.


Cette pièce donnait sur un escalier dont les marches fortement distancées les unes des autres, montaient raides. Raccoon, dans les bras de son maître, sa mère ou son frère... enfin vous connaissez la suite... se mit à bouger tant et tellement que Joe peinait à le retenir:
- Y sent queque chose, chu sûr.


Les Six gravirent les marches. À l'étage, un autre escalier, toujours dans le coin nord de la maison, de même que plusieurs portes mais une seule attira leur attention, celle qui était entrebaîllée. Mario s'y dirigea. Il entra.


Le groupe reconstitué le temps de le dire y découvrit: deux rats (un albinos et le second noir et blanc) et par terre, six jeunes endormis.


- Les punks! dit Joe dont les dents se serraient, les poings se fermaient.
- Mais c'était un rêve, Joe, comprends-tu, un rêve, ne cessait de répéter Rock au bord d'une crise de quelque chose.


La pièce répandait des odeurs de bière et de marijuana; Joe venait de le dire et là-dessus personne n'osa le contredire:
- Y sont full bostés.


Derrière eux, la porte se referma et les Six entendirent clairement que l'on verrouillait.
- Nous voilà pris au piège, dit Caro tremblante de peur.
Joe s'approcha d'elle, lui prit le bras ce qui eut pour effet de la calmer.


- Comment se fait-il qu'ils ne se réveillent pas, ils sont tout de même pas morts? demanda Rock pour détendre, si cela pouvait être possible, une atmosphère que même un couteau scout et suisse réunis n'aurait pu couper.


Mario avait bondi vers la porte, s'y était collé l'oreille, tentant de découvrir quelque chose. Il bougea la poignée. Cela ne donna aucun résultat. Ils étaient bel et bien enfermés à clef. Dans cette pièce - sans fenêtre, aux murs blancs comme ceux des hôpitaux, un système de son par terre et tout à côté, un petit réfrigérateur - où deux rats se promenaient sans nullement se soucier des nouveaux arrivés.


Bob se dirigea vers le réfrigérateur pour y trouver autant de bouteilles pleine que de vides autour des jeunes endormis. Il crut un instant que ces derniers avaient été, eux aussi, victimes des champignons; il n'en souffla mot à personne. Sur le système de son, un cendrier rempli de mégots de cigarette et de marijuana.


Raccoon frétillait dans les bras du grand qui ajouta de la pression afin qu'il ne puisse pas se sauver. Cela lui fit mal, suffisamment pour qu'il griffe Joe, s'élance par terre et si dirige directement vers les rats, leur faisant face.


- Attention! Ça peut dégénérer en bagarre, lança Bob.
- J'va l'pogner.
- Non, attends, Regardons ce qu'il va faire.


Joe oébit à la consigne de Mario. Son bras saignait:
- Y a pas voulu m'faire mal, chu sûr... Y voula juste aller les écoeurer.


Les rats ne bougeaient pas. Debout sur leurs pattes arrières, dans le coin de la pièce, ils avaient face à eux un bébé raton laveur à moins d'un mètre de distance. Ni d'un côté ni de l'autre, on semblait se craindre. Le duel était proche...



Chapitre 59




L'inspecteur Jackson, suivant son chien, se retrouva au rez-de-chaussée. Les pistes que flairait Roger Ninja les menèrent dans la troisième pièce, à l'escalier puis finalement à l'étage. C'est là qu'il entendit parler derrière la porte:
- Nous les tenons, Roger Ninja. Tu les entends comme moi, ils sont derrière. J'appelle la Centrale ensuite nous enfonçons avec notre super cri de ralliement et l'affaire est classée.

Au cellulaire, toujours rien. Aucun grichement même. Le néant. Il regarda sa montre:
- Il est certainement beaucoup plus tard que 9 heures. Elle ne fonctionne plus cette montre. Tu te souviens, Roger Ninja, disait-il avec un on-ne-sait-quoi de nostalgie retenue dans la voix, je l'avais reçue en récompense suite à la fameuse enquête que nous avions menée sur cette compagnie de bas-culottes américaine qui vendait illégalement au Canada.

Il s'approcha de la pièce, sonda la porte. Verrouillée. Il chercha dans le trousseau de clefs et finalement, vous pouvez imaginer le nombres de tentatives infructueuses qu'il se tapa avant de parvenir à ouvrir et entendre:
- On est tous morts. C'était le cri de Caro.
- Ne bougez plus personne, Vous êtes tous, individuellement et collectivement, qui que vous soyez et où que vous soyez, dans le plus total état d'arrestation. Ceux qui sont au sol, ces paroles s'adressent également à vous.
- Vous faites erreur, monsieur. dit Mario tout en s'avançant vers le gros homme.

Jackson sortit une arme de petit calibre, la braqua entre les deux yeux de Mario qui avala sa salive, recula et comme dans les films, leva les bras.

Durant ce temps, Roger Ninja qui avait reconnu le bébé raton laveur, se dirigea vers lui. Face à l'augmentation des effectifs devant eux, les rats profitèrent du moment où Raccon fraternisait avec le chien, pour déguerpir. Fuir serait sans doute un euphémisme. Passant entre les jambes de Jackson, celui-ci hurla de frayeur, perdit son révolver sur lequel Annie sauta pour le remettre immédiatement à Mario.

- L'heure des explications est maintenant arrivée, monsieur. - On sentait toute l'influence de la télévision dans cette réplique à l'emporte pièce que les autres reçurent comme si la situation venait brusquement de changer de bord. « Vous rappelez votre chien, sinon je l'abats comme un chien. » - Celle-ci était peut-être de trop. -

Ses paroles sonnaient justes et impressionnèrent l'inspecteur Jackson, pour les autres c'était déjà fait. Mario se sentait maître de la situation, en pleine possession de ses moyens.

- Je suis l'inspecteur Mike Jackson, de la brigade criminelle de la police de Montréal. J'enquête actuellement sur le vol que vous avez commis hier matin derrière le Musée Saint-Antoine. Je n'ai sans doute pas grand chose de plus à ajouter là-dessus.

Les Six se regardèrent, surpris que cette hsitoire de vol soit rendue ici et encore plus de se voir accusés d'en être les responsables.

- Ce grand jeune homme avec un habit de combat correspond tout à fait à la description qu'en ont fait les employés de la Brink's.
- L'grand jeune homme, cé moé ça? Joe ne laissait pas le chow chow des yeux. Un chow chow heureux d'avoir retrouvé son petit ami qui, de son côté, paraissait bien déçu que les rats aient profité de l'altercation entre Jackson et Mario pour prendre la poudre d'escampette.

Un grand voile d'incompréhension, un peu comme le brouillard de ce matin, enveloppait la situation. Les propos du policier ne parvenaient pas à éclaircir quoi que ce soit. Ce fut alors que ça se mit à bouger du côté des punks. Le plus âgé du groupe, l'oeil malicieux, se leva:
- C'est quoi l'affaire? On nous avait dit qu'on serait tout seuls ici. Vous faites quoi?
- T'aura avantage à r'tourner dormir, le tarla.
- Je t'ai déjà vu quelque part, toi.
- Té pas tu seul à dire ça.

L'Inspecteur nageait dans la sueur et la plus inimaginable confusion. Devant lui, tellement de jeunes qu'il ne savait plus lesquels faisaient partie de son enquête et ceux qui n'avaient rien à y voir, que faisaient-ils ici ? En plus, son chien l'abandonnait au profit d'un petit raton laveur.

- À qui appartient cette maison? demanda Jackson en se grattant la tête. Levant son bras pour effectuer sa machinale habitude, il fit reculer Mario d'au moins trois mètrees tellement les odeurs qu'il dégageait ( bras et bouche) étaient épouvantables.

- Vous faites partie de l'organisation? continua le punk incapable de mettre de l'ordre dans l'histoire.

Mario, de loin, tenait le bonhomme en joue mais ne savait plus trop si le danger n'était pas ailleurs, du côté du punk et de ses acolytes toujours inconscients au sol.

- Où est McCrimmon? demanda le punk. Il devait être ici ce matin et nous ramener sur la route principale. Le chauffeur de camion McCrimmon...

Il n'eut pas le temps de rajouter autre chose qu'il s'effondra par terre, atteint en plein milieu du crâne par un clou mesurant autour de quinze centimètres. Le sang qui gicla se mit à lui couler dans la figure.

Devant ce spectacle ahurissant, chacun cherchait un endroit pour se cacher. Comment le faire dans une pièce vide? Le seul escalier, celui qui menait au deuxième, personne n'avait le goût de l'utiliser.

Ce clou lancé vers le punk avec une précision de laser, d'où venait-il?

Aucun commentaire:

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...