jeudi 27 décembre 2007
Le cent quatre-vingt-dixième saut de crapaud
lundi 17 décembre 2007
Le cent quatre-vingt-neuvième saut de crapaud
lundi 3 décembre 2007
Le cent quatre-vingt-huitième saut de crapaud
La porte d'entrée de la maison, sous déjà quelques centimètres de flocons accumulés, devra être déblayée. J'y verrai cet après-mdi, alors que l'on prévoit une accalmie. Je suis davantage attiré par ce programme installé sur le bureau de mon ordinateur et qui indique, en temps réel, le temps qu'il fait à... Varadero. Oui. Varadero, Cuba. Catherine et son papa qui répond parfois au patronyme de grand-père ou celui du crapaud, tous les deux partent vers le soleil et la mer, dans deux dodos et demi... Il fait, pour votre information, 22 degrés Celsius et le ciel est traversé de quelques nuages.
J'espère, enfin je me souhaite, qu'au retour de cette semaine de vacances, l'inspiration reviendra. En effet, depuis quelques mois, on peut vraiment dire que tout est à plat. Je travaille actuellement - je crois en avoir parlé déjà - sur un texte qui me donne du fil à retordre; en fait, c'est un peu comme si à chacune des fois que je m'y rends, je le complexifiais... Déjà qu'il n'est pas évident. De plus, j'ai découvert sur la magique grande toile un site où la poésie règne en absolue maîtresse. L'intéressant c'est qu'il s'agit là d'un lieu de rencontre pour poètes et poétesses, en fait pour des gens qui s'amusent à écrire des poèmes et se plaisent à recevoir une fois ceux-ci lus, des commentaires en provenance des autres membres. C'est tout à fait éclectique et de belles découvertes sont possibles. Il est préférable d'écrire des poèmes que de brandir des armes. Je me rends compte que j'y suis régulièrement - au point de laisser un peu ce blogue - et encore plus le site... Peut-être une transition menant vers on ne sait quoi!
Je vous laisse donc ce petit saut et vous promets qu'au retour de Varadero, nous devrions nous rencontrer plus souvent. Oh! oui, le fameux texte qui me donne à suer et dont je vous parlais, il finira bien par s'achever un jour et atterrir ici.
Bonne tempête de neige et à bientôt.
mercredi 21 novembre 2007
Le cent quatre-vingt-septième saut de crapaud
. Personne ne me promettait que la grille s'ouvrirait si je devenais comme eux; on ne promet rien en échange de réalisations qui semblent impossibles; mais, les réalisations opérées, les promesses apparaissent après coup juste là où on les avait cherchées en vain. Kafka
. Toute vérité crée un scandale. Marguerite Yourcenar
. Préparer l'avenir n'est que fonder le présent. Il n'est jamais que du présent à mettre en ordre. À quoi bon discuter cet héritage! L'avenir, tu n'as pas à le prévoir mais à le permettre. Saint-Exupéry
. Ceux qui luttent, ceux dont les jours sont pleins, ceux-là vivent, les autres je les plains. Victor Hugo
. L'ordre est le plaisir de la raison; mais, le désordre est le délire de l'imagination. Paul Claudel
. Le plus beau discours est celui qu'on ne prononce pas. Élie Weisel
. Comment pensera-t-il si vous pensez pour lui? Jean-Jacques Rousseau
. Aimer un être c'est accepter de vieillir avec lui. Albert Camus
. J'étais ainsi en ce temps: toujours tourmenté avec une force égale par les choses graves et celles qui ne l'étaient pas, incapable de juger différemment les dangers réels de ceux nés en mon esprit. Alain Asbire
. Mais personne ne vint, parce que personne ne vient jamais... Thomas Hardy
.Étrange comme nos passions nous entraînent, nous poursuivent et nous fouaillent, nous imposent des rêves indésirables, des destinées contraires. Truman Capote
. Aimer qui change quand changement rencontre n'est pas amour. Shakespeare
. ... il n'est pas d'horreur perpétrée dans le monde réel que l'on ne connaisse déjà à travers ses rêves. Anthony Burgess
. En ce temps-là, le ciel était si bas qu'aucun homme n'osait se dresser de toute sa taille. Cependant, il y avait la vie, il y avait des désirs et des fêtes. Et si l'on n'entendait jamais le meilleur en ce monde, on espérait chaque jour échapper au pire. Amin Maalouf
. Nous n'allons pas; on nous emporte, comme les choses qui flottent, ores doucement, ores avec violence, selon que l'eau est rieuse ou bonasse... Et puis, y ayant tant de soudains changements aux choses humaines, il est malaisé à juger à quel point nous sommes justement au bout de notre espérance. Montaigne
. Vivre, c'est être condamné à avoir la tête bourrée. Jacques Prévert
. Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclairer par notre effort personnel, et qui était clair avant nous, n'est pas nous. Proust
. La tristesse se résout dans un bar, jamais dans la littérature. Hemingway
. Des mensonges jailliront de ma bouche, auxquels il se peut qu'un atome de vérité soit mêlé. Virginia Woolf
.Le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable que nous rencontrons. Rilke
. Écrire, c'est vivre deux fois. Léautaud
. La supersition, c'est une manière d'espérer. Balzac
. Si l'on veut retrouver sa jeunesse, il suffit d'en répéter les erreurs. Oscar Wilde
mercredi 14 novembre 2007
Le cent quatre-vingt-sixième saut de crapaud
Francis Carco, né le 3 juillet 1886, décédé le 26 mai 1958, le crapaud le redécouvre actuellement. Par BRUMES, entre autres, aussi L'HOMME TRAQUÉ et L'HOMME DE MINUIT de même que RUE. Mais c'est par ce poème qu'il m'est venu, ce poète de la bohème, des rues, de la nuit et des personnages à la fois immenses et fragiles.
Bonne lecture.
L'Ombre
Quand je t'attendais, dans ce bar,
La nuit, parmi des buveurs ivres
Qui ricanaient pour avoir l'air de rire,
Il me semblait que tu arrivais tard
Et que quelqu'un te suivait dans la rue.
Je te voyais te retourner avant d'entrer.
Tu avais peur. Tu refermais la porte.
Et ton ombre restait dehors:
C'était elle qui te suivait.
Ton ombre est toujours dans la rue
Près du bar où je t'ai si souvent attendue,
Mais tu es morte
Et ton ombre, depuis, est toujours à la porte.
Quand je m'en vais, c'est à présent moi qu'elle suit
Craintivement, comme une bête.
Si je m'arrête, elle s'arrête.
Si je lui parle, elle s'enfuit.
Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe.
Elle disparaît et s'efface
Mais envahit tout, à la nuit.
Sous le métro de la Chapelle
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m'attend, derrière les piliers noirs,
Où d'autres ombres fraternelles,
Font aux passants, qu'elles appellent,
De grands gestes de désespoir.
Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n'a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystère
Soudain se ferme sur ses pas...
Et moi qui cherche où tu peux être,
Moi qui sais que tu m'attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et je viens, toute la nuit,
Je marche seul, comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie,
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi...
Cependant tu n'étais qu'une fille des rues,
Qu'une innocente prostituée,
Comme celle qui apparut,
Dans le quartier de Whitechapel,
Un soir, à Thomas de Quincy
Et qu'il chercha, plus tard, sans jamais la trouver,
De porche en porche et d'hôtel en hôtel...
Il le raconte dans un livre.
C'est là, que pour la première fois, que je t'ai rencontrée.
Tu étais lasse et triste, comme les filles de Londres,
Tes cheveux conservaient une odeur de brouillard
Et, lorsqu'ils te voyaient à la porte des bars,
Les dockers ivres t'insultaient
Ou t'escortaient dans la rue sombre.
Je n'ai pas oublié l'effet que tu me fis
Dans ce livre désespéré,
Ni le vent, ni la pluie, ni le pavé qui luit,
Ni les assassins dans la nuit,
Ni les feux des estaminets,
Ni les remous de la Tamise
Entre ses mornes parapets...
Mais c'est après bien des années
Qu'une autre qui te ressemblait
Devait, le long des maisons grises,
Me faire signe et m'accoster.
Ce n'est pas toi. C'est tout ce que tu me rappelles:
Comme j'étais triste, avant de te connaître,
Comme je m'enfonçais, avec délices, dans ma tristesse.
En marchant dans les rues, en entrant dans les bars,
En suppliant la nuit les ombres de parler,
Sans cesser d'errer et d'aller...
Mais partout il était trop tard.
Un air d'accordéon s'achevait en hoquet.
On décrochait, l'une après l'autre, les lumières
Et le passant, à qui je demandais du feu,
Me tendait un cigare éteint.
Où me portaient mes pas, c'était la même histoire.
J'allais toujours vers les sifflets des trains,
Sur un grand boulevard trouble et peuplé de fantômes.
Mais les trains passaient en hurlant,
Et cette attente avait l'air d'un départ.
Tu es venue pour t'en aller.
Je t'ai pourtant conduite en ces lieux désolés
Et tu m'as dit: « Quoi que tu fasses,
C'est moi, dorénavant, que tu verras parmi tous ces fantômes.
Tu me sentiras près de toi,
Tu penseras que je suis morte
Et jamais tu ne m'oublieras.»
Je t'écoutais, je te suivais sous les lumières.
Il n'y avait que nous de vivants en ces lieux,
Nous seuls mais je savais que des deux, la première,
Ce serait toi qui me dirais adieu.
Et j'avais beau ne pas vouloir,
Te retenir par ta petite main,
Le cri, le roulement et la fumée des trains,
Les rails et leurs feux en veilleuse,
Le pont noir tout retentissant
Du bruit des lourds wagons entre-choqués,
Par un présage obscur déjà nous séparaient.
Une autre fois, dans ce quartier sinistre,
Nous nous sommes assis sur un banc, à la nuit,
Et le vent qui chassait la pluie,
Les globes des hôtels meublés,
Les marlous aux chandails humides,
Les filles qui nous regardaient
Accumulaient, autour de nous, les maléfices
Dont le cercle se rapprochait.
Alors tu t'es mise à pleurer.
À m'expliquer, sans élever la voix,
Qu'un jour tu me délivrerais
De ces larves qui sont en moi...
Tu parlais et la pluie tombait.
C'était la pluie qui te faisait pleurer,
Comme un chagrin que rien n'apaise,
Comme une peine inconsolée.
Et la ronde des ombres et des feux des maisons
Tournait infatigablement
Avec ses voyous et ses filles,
Ses bars, où les phonos grinçaient,
En nous jetant quelquefois, par la porte,
Comme l'appel d'une voix morte...
La ronde que rien ne lassait,
Tournait et m'emportait, avec toi qui es morte,
Tourne et m'emporte encore, avec tout mon passé,
Hors du temps, hors du monde, hors de tout ce qui est
Ou qui n'est pas, mais que toi, dans l'ombre, tu sais...
mercredi 7 novembre 2007
Le cent quatre-vingt-cinquième saut de crapaud
Ce poète arriva drôlement dans la vie du crapaud. Je vous raconte en deux mots alors que l’essentiel de ce saut tourne principalement autour du spectacle qui se déroulera (le deuxième en deux soirs) à la Grande Bibliothèque et présentera des œuvres du poète.
C’est en fait par Anne Hébert (sa cousine) que le crapaud l’a découvert. REGARDS ET JEUX DANS L’ESPACE est devenu, une fois que le crapaud se le fut procurer (il n’avait pas 15 ans), son livre de présence. Il achevait de lire quelques poèmes d’Anne Hébert (LE TOMBEAU DES ROIS) et une allusion, toute petite, toute frêle, à ce cousin piqua la curiosité de celui qui, à l’époque, lisait Marie Noël, Charles Gill, Émile Nelligan et surtout des anthologies de poésie française.
Ce fut le coup de foudre! Il n’eut, pour on ne sait trop combien de temps, que Saint-Denys-Garneau en tête et un certain agacement à découvrir qu’on le «critiquait» principalement à partir d’une grille dite spirituelle. Dans sa tête de crapaud, c’était comme si on le lui présentait comme un être en permanente crise religieuse. Comme si son génie littéraire qui faisait basculer tout ce qu’il y avait avant lui ne pouvait pas, tout simplement pas, n’être que le génie de la modernité.
Saint-Denys-Garneau est toujours demeuré le poète préféré du crapaud et quel ne fût pas son bonheur lorsque le groupe Villeray mit en musique quelques-uns de ses poèmes. S’il est encore disponible, il vous suggère fortement de vous le procurer.
D’ici là, ce soir, 19 h 30 à la Grande Bibliothèque, c’est un rendez-vous.
À souligner
Hector de Saint-Denys Garneau ou Le portage miraculeux
En collaboration avec le Théâtre Barbare, BAnQ présente le spectacle littéraire Hector de Saint-Denys Garneau ou Le portage miraculeux, mis en scène par Christian Vézina et interprété par Maude Guérin, Jean Maheux et Christian Vézina. La vie de l’écrivain, étonnant alliage de grâce et de culpabilité, sera mise en lumière par cette lecture-spectacle réunissant certains passages de son journal intime ainsi que les lumineuses révélations de sa poésie.
Mardi 6 et mercredi 7 novembre, 19 h 30 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Entrée libre
Communiqué de BAnQ
Ce spectacle porte la signature de Christian Vézina, directeur artistique et concepteur. Celui-ci incarne le poète tourmenté, mort dans la fleur de l'âge. Deux autres comédiens, Jean Maheux et Maude Guérin, viendront assister le metteur en scène dans l'interprétation complexe de Saint-Denys Garneau. Chacun révélera une facette de cette personnalité étonnamment créatrice et originale.
Le portage miraculeux explore d'abord la prose brillante du journal intime de Saint-Denys Garneau pour se consacrer ensuite à ses plus beaux poèmes. Ce spectacle célèbre ainsi de belle façon l'œuvre magistrale du poète et permet de mesurer le lourd tribut que celui-ci dut verser pour exprimer l'inexprimable : un véritable « portage ».
Le portage miraculeux nous offre aussi la découverte d'un personnage plus grand que nature : un jeune homme sensible, volontaire et rigoureux qui, contraint d'abandonner ses études en raison de problèmes de santé, décida à 19 ans de se consacrer entièrement à la peinture et à la littérature. Il décédera à 31 ans, le 24 octobre 1943, lors d'une excursion de canot en solitaire. Le jeune poète aura passé les dernières années de sa vie au manoir familial de Sainte-Catherine de Fossambault, près de Québec. Fait à noter, son unique recueil de poèmes et seul ouvrage diffusé de son vivant, Regards et jeux dans l'espace, a été publié à compte d'auteur en 1937. Heureusement, amis et admirateurs assureront ultérieurement la parution de certaines de ses œuvres inédites. Dès 1944, Hector de Saint-Denys Garneau recevra de vibrants hommages et sera dès lors reconnu comme l'un des plus importants écrivains québécois.
Lecture-spectacle Hector de Saint-Denys Garneau ou Le portage miraculeux
À l'Auditorium de la Grande Bibliothèque de BAnQ 475, boulevard De Maisonneuve Est, Montréal Métro Berri-UQAM
dimanche 28 octobre 2007
Le cent quatre-vingt-quatrième saut de crapaud
Dernier dimanche d'octobre. Déjà à la porte de novembre qui risque de nous balayer quelques épisodes de froid, de pluie et de tombée de feuilles. Admettons, toutefois, que les deux derniers mois - le réchauffement de la planète y est-il pour quelque chose? - nous furent plus que favorables.
Ce matin, je vous offrirai quelques rélexions d'Albert Jacquard, ce scientifique, essayiste et généticien né à Lyon en 1925 qui a déjà été membre du Comité consultatif national d'éthique (en France). Son discours humaniste vise à l'éveil des consciences tout en prônant la paix et la non-violence.
Il est un adepte de la décroissance soutenable, un concept « politique, économique et social se plaçant à l'opposé du consensus politique actuel, selon lequel la croissance économique conduit à l'augmentation du bien-être social » . Les partisans de cette idée proposent de lui substituer « une diminution de la consommation et de la production afin de respecter le climat, l'écosystème et les êtres humains. »
Titulaire de deux doctorats, un premier en génétique et un deuxième en biologie humaine, Jacquard fut nommé en 1973 expert en génétique auprès de l'Organisation mondiale de la santé; il y demeura jusqu'en 1985. Parallèlement à cela, il mena une carrière universitaire autant en Suisse, en France qu.'en Belgique.
Albert Jacquard dit « ne pas avoir de solution; mon objectif, ce n'est pas de construire la société de demain, c'est de montrer qu'elle ne doit pas ressembler à celle d'aujourd'hui. » De fait, on le retrouve auprès de plusieurs altermondialistes.
Il fréquente des personnes comme l'abbé Pierre (en militant pour le logement), Edgar Morin (en parrainant une liste électorale pour le Parlement européen), Philippe Merrieu, Régis Debray et Axel Kahn ( la Cité des Savoirs du XXIième siècle).
Je termine cette courte présentation en rappelant ses grands talents de vulgarisateur scientifique.
Les citations offertes aujourd'hui proviennent d'un tout petit livre extraordinairement parlant: 5 milliards d'hommes.
. Le réel semble errer comme un aveugle dans le labyrinthe des possibles, se heurtant sans cesse aux obstacles qui font d'un chemin une impasse. Le temps détruit systématiquement ce qu'il a permis au hasard de construire; chaque succès est provisoire, aucune accumulation de pouvoirs neufs ne peut se produire.
. Le réel est une fraction infime des possibles; ceux-ci sont inépuisables.
. Être unique, c'est nécessairement être provisoire.
. ... l'instant présent est ainsi mis au service de l'instant à venir...
. Dans tous les domaines, la réalité des choses nous échappe définitivement; nous devons nous contenter de développer un discours à propos de notre vision de cette réalité.
. Pour aller à l'essentiel, on peut présenter l'homme comme: un animal qui reçoit individuellement de la nature le pouvoir de s'attribuer collectivement des pouvoirs.
. L'homme est un animal qui a reçu la capacité d'utiliser l'écoulement du temps pour imaginer et réaliser un projet.
. L'humanitude c'est l'ensemble des cadeaux que les hommes se sont faits depuis qu'ils existent, qu'ils continuent à se faire et qu'ils peuvent à peu près sans fin continuer à se faire.
À la prochaine
mardi 23 octobre 2007
Le cent quatre-vingt-troisième saut de crapaud
À la prochaine
mardi 16 octobre 2007
Le cent quatre-vingt-deuxième saut de crapaud
De cette maladie insidieuse à la démarche résolument destructrice, du cancer. Mon ami Yvan l'était depuis près de quarante ans. De ces amitiés marquées au fer rouge... au coeur et au temps. Définissable par tant et tant de doux moments et de si profondes richesses ancrées dans la communication. Que maintenant cela, la communication, soit coupée m'est le plus difficile.
J'écrivais à ma très chère Claire, cette belle-soeur qui sait si bien toucher mon âme et mon cerveau par la pertinence de ses questions projetantes dans la réflexion, je lui écrivais ceci suite au décès de mon ami: « la dernière fois que j’ai parlé à Yvan (dimanche vers 21h) et qu’il ne me répondait que par un râlement, j’ai ressenti que mon ami partait, s’occupait à nettoyer son intérieur comme s’il ramassait l’essentiel avant de s’en aller. S’en aller tout en sachant qu’il n’allait pas revenir.
Danielle, son épouse, me disait qu’il a ouvert les yeux, une dernière fois, quelques secondes avant de mourir et qu’elle y a vu une telle douceur, un peu comme les yeux des personnages sur les anciennes images saintes. Un dernier souffle, puis plus rien. Tellement qu’elle se demandait si c’était cela la mort; juste cela.»
Danielle m'a demandé de préparer un texte pour les funérailles et toujours à Claire, je confiais ceci: « je le veux, à la fois, chargé de l’émotion qu’une telle circonstance dépose sur notre cœur et dire à toutes celles et tous ceux qui l’ont connu combien Yvan, que j’appellerai «l’homme au regard à fleur d’ange», combien cet homme nous aura marqués par son courage et flagellés par ses silences intérieurs.
Je sais, aussi, que ce décès, cette mort ou ce départ – je m’emmêle à trouver le mot juste – porte un message. Il me faut le découvrir. Il voltige entre la souffrance et la réconciliation, entre la solitude du temps et l’ouverture à l’éternité. Je ne sais pas encore. Yvan, mon ami courbé par les souffrances qu’il taisait, je lui demande de s’installer ici, chez moi, sous la vigne et ses raisins qu’il a tant aimés, qu’il trouvait «parfumés», jusqu’au moment où son esprit aura réussi à faire le tour de ce qu’il doit faire, et me souffler dans le dos comme de grands coups de soleil, comment faut-il accepter la mort d’un ami?
Ce que je trouve d’étrange dans cette mort c’est qu’une fois qu’elle a envahi le corps d’un homme, qu’elle y a délogé la vie parfois à grands coups de martyrs, parfois à grands coups de douceurs, elle s’en va. La mort ne reste pas. Elle est en marche, inviteuse puis quitteuse… une grande charmeuse sachant s’adresser à chacun dans le langage qui le rejoint. Elle part. Sans doute intéressée par quelqu’un d’autre. Elle ne s’occupe, la mort, que des hommes. Les choses ne meurent pas, elles demeurent «sang-froid» alors que les hommes sont «sang-chaud»… appeleurs de mort… »
Je finissais le courriel à Claire par ces mots: « j’aurais presque le goût de dire qu’il faudrait, quand on sait la mort à l’œuvre chez quelqu’un que l’on aime, tout de suite, se centrer sur son esprit qui n’a rien du «sang-froid» et du «sang-chaud». Si vite le corps devient une «chose» alors que l’esprit, l’au-delà du «sang-chaud», demande à être porté dans cette zone où l’immortalité est possible, voilà je pense, une façon de s’accompagner vers sa propre mort, la main déposée dans celle de l’autre.»
Cher Yvan,
Tu ne pliais pas, non, tu ne pliais pas, tu ne faisais que compresser l'autour de toi afin de mieux te l'accaparer, comme on fait sa valise qui suivra tout au long de son voyage.
Et nous aurions parlé. Jasé. Beaucoup moi, la grande gueule, mais aussi toi, mon ami silencieux. L'homme qui sans larmes pleurait.
Je savais, à la fin du mois de juillet, lorsque Jean-Luc m'apprit la teneur de la maladie qui t'affectait que je me magasinais de la peine. Mais sache que pour rien au monde je n'aurais souhaité autre chose que les heures toutes remplies d'une intense humanité, d'une tendre amitié, ces heures passées ensemble.
À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, au neuvième, sous les ailes d'un papillon... sous les soins de ce personnel qui, rapidement, se mit à t'aimer. Déjà, à ce moment de l'été, tu utilisais le mot «merci» comme la porte à emprunter pour bien exprimer ce que tu voulais dire à tout le monde.
Tu t'y es pris dès cette époque, que dans ma frénésie à vouloir t'amener ailleurs je jugeais prématurée, tu t'y mettais dès cette époque, regardant derrière et tout à côté de toi, puis notait dans ces cahiers arc-en-ciel que tu distribueras plus tard aux gens que tu aimes, les mots enrubannés de mercis, afin de bien les leur rappeler.
Yvan,
Je suis convaincu que nous trouverons, bientôt, cachés à gauche ou à droite, à la maison ou à la pâtisserie, une feuille, un carnet sur lesquels de ton écriture à la si parfaite calligraphie, nous trouverons des textes permettant de mieux saisir encore qui tu étais.
Nous, ces tous et chacun qui eurent l'occasion de découvrir une partie de ce Yvan, l'être secret, intérieur, généreux et amoureux du bonheur, du tien et de celui des autres.
Tu nous as quittés. Dans la plus entière dignité. Te disant, sans doute, que tout se déroulerait sans acharnement. Tu nous as quittés. Apportant une partie de chacun de nous avec tes «mercis» qui, à la fois, nous appelaient à toi et nous en séparaient.
Jamais je n'aurai vu chez toi, ô mon grand ami, avant, pendant et maintenant, un seul instant de hargne ou de haine, jamais, un seul instant je n'aurai rencontré - et tous peuvent en témoigner - autre chose que cette chaleur et ce soleil que tu recherchais tant cet été, cet automne.
Souvent tu disais, comme dans la chanson, « Je n'aurai pas le temps »... Sache que tu as eu le temps de rendre Danielle heureuse. D'aimer Diane, Étienne-Manuel et Annabelle. Sache que tu auras eu le temps de vivre des instants uniques avec Mario, France et Jocelyn. Et Léola, Lorraine, Gérald. Nicole et Julie. Et tes chats, inséparables compagnons de silence.
Certainement plusieurs autres amis, de maintenant et d’avant, en diront autant.
Yvan,
Et retrouve, là où déjà tu es en marche, ceux qui t'attendent les bras ouverts.
samedi 6 octobre 2007
Le cent quatre-vingt-unième saut de crapaud
. Sa propre vie lui apparut dérisoire, solitaire, fragile colonne dressée parmi les décombres des années perdues. Carson McCullers
. Cependant, tu dois demeurer. C'est effrayant mais c'est comme ça. Tu ne peux pas sans cesse vouloir t'en aller. Ce qui te pousse parfois à fuir est en même temps ce qui cherche à te tuer. Barry Lopez
. Si je ne m'occupe pas de moi, alors qui s'en occupera? Et si je ne m'occupe que de moi, alors qui suis-je? Et si je m'en occupe pas maintenant, alors quand? Hillel
. L'universel, c'est le local moins les murs. Miguel Torga
. Le fait imaginaire possède par la concentration d'expériences «fictives» qu'il permet, une valeur incomparablement plus grande que le fait réel. Edmund Husserl
. La mer enseigne la liberté de se connaître vaincu et de lutter quand même. Claudio Magris
. L'homme ne vit pas, il dirige sa vie. Arnold Gehlen
. Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. Pierre Reverdy
. L'égoïsme est le véhicule de la mort quotidienne. Panaït Istrati
. On ne perd rien quand on se livre entièrement. Autrement, autant dire du soleil qu'il s'épuise quand il se livre sans ménagement ni choix. Panaït Istrati
. Abstinent: Personne faible qui cède à la tentation de se refuser un petit plaisir. Ambrose Bierce
. Il faut laisser vivre ses pas. Philippe Deleron
. Un seul être vous manque... et tout est dépeuplé... Léon-Paul Fargue
. Sans métaphores, nous ne pourrions ni nommer ni même percevoir un grand nombre d'objets. Anne Cauquelin
. La disposition constante de l'homme est de souhaiter être ailleurs que là où il est. Jacques Réda
. Chaque chose dispose d'une autre ombre derrière son ombre ordinaire et on l'entend la traîner, même lorsque la nuit est noire. Tomas Transtsömer
. Une rencontre: ce qui arrive de face, mais toujours par surprise; ce qui exige l'attente et que l'attente n'atteint pas; l'irruption d'un dehors, l'extériorité ébranlant tout et qui perce le moi. Blanchot
. Se perdre est le seul endroit où il vaille vraiment la peine d'aller. Tiziano Scarpa
. Voici que s'approche le miracle de la libération. Cela peut se produire sur le rivage, et la même éternité qui, tout à l'heure, suscitait mon effroi est maintenant le témoin de mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n'a le droit d'énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s'étioler. Car si ce désir n'existe pas, qu'est-ce qui peut alors exister? Stig Dagerman
À la prochaine
vendredi 5 octobre 2007
Le cent quatre-vingtième saut de crapaud
Alors, pourquoi le présenter?
Comme le cycle du fantôme est maintenant dans le dos du crapaud, retrouver ces quelques strophes lui fait bizarre. C'est un peu comme si vous retrouviez un vieux billet de loterie, que jamais vous n'auriez pris le temps de vérifier s'il est gagnant ou pas et que là, vous allez voir, au cas où… si jamais…
Il y a aussi dans le poème oublié, le dormeur solitaire, une espèce de nostalgie qui se réveille tout d'un coup et vous frappe en plein coeur ou en plein cerveau. Reprendre quelque chose d'inachevé, quelque chose qui s'est cristallisé dans le temps, un peu engourdi également et revoir si les images qui s'y cachent peuvent encore faire un petit bout de chemin.
Le voici. Il s'intitule - et cela depuis on ne sait trop quand - l'anxieuse solitude impatiente.
je suis à l'hiver de l'écriture
solitude impatience anxiété
ne cessent de me harceler…
la saison se vide de l’intérieur
après les courses folles
comme paralysée de vivre son passé au présent
... et elle sera là à écrire l'hiver
spectre passé et harcelant
de solitude d’impatiences d’anxiétés...
... et restera là les pieds dans la glue de l'hiver
promenant dans les ruelles tristes et blanches
comme des brouillards effilochés
tout un passé à l'avenir trop présent
qui neige encore ses fulgurantes tempêtes...
... et au printemps revenu
au coeur d'une ville noyée
deux immobilités ploieront sous d'immenses placards d'érable
croulant tant et tant sous le poids du temps...
... et demanderont
fouettés par les grands vents d'avril
si pour toujours encore
les rêves inanimés que l’hiver aura sauvés
du feu des étables…
vieilliront...
jeudi 27 septembre 2007
Le cent soixante-dix-neuvième saut de crapaud
mercredi 26 septembre 2007
Le cent soixante-dix-huitième saut de crapaud
Voici ce que le crapaud a déniché puis réuni.
. L'auto-examen nous convie non pas à nous enfermer narcissiquement et à nous délecter de nous-mêmes, mais à dialoguer avec nous-mêmes... Une pensée qui essaie de se comprendre a besoin de se décentrer et de se distancier par rapport à elle-même et a donc besoin du regard d'autrui et de la pensée d'autrui. L'auto-examen est donc nécessairement auto-exo-examen. C'est dire que la logique de la pensée complexe nécessite un milieu de confrontation, opposition, voire discordre: elle ne saurait concevoir une pensée autosuffisante. Ici encore, nous voyons réapparaître les idées d'ouverture et de fermeture. La pensée close du dogmatisme refuse à la fois l'examen par autrui et l'auto-examen. La pensée complexe a besoin de l'un et de l'autre. EDGAR MORIN
. L'identité prend les multiples formes de l'évolution affective. D'après ÉRICKSON, elle pourrait se résumer ainsi:
Je suis ce qu'on me donne. Je suis ce que je veux. Je suis ce que j'ose. Je suis ce dont je suis capable. Je suis ce que je choisis d'être. Je suis ce que j'aime. Je suis ce que je crée, ce que je produis. Je suis ce que j'ai eu et donné.
. Le «self-management skills» (habiletés à se diriger) selon GLASSER:
Ces habiletés comportent spécifiquement l'aptitude à s'engager dans une exploration autodirigée et intentionnelle de l'environnement; l'aptitude à fixer des buts et à reconnaître quand ils sont atteints; l'aptitude à prendre des décisions et à reconnaître les conséquences d'une décision; un sens de la maîtrise et la confiance fondé sur l'aptitude à contrôler son environnement d'une manière socialement mûre.
Il n'y a pas d'objectivité en dehors des lois générales capables d'organiser les structures.
Il n'y a pas d'objectivité dans l'appréciation des faits qui s'enregistrent au sein de notre système nerveux.
La seule objectivité acceptable réside dans les mécanismes invariants qui régissent le fonctionnement de ces systèmes nerveux, communs à l'espèce humaine. Le reste n'est que l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes, celle que nous tentons d'imposer à notre entourage et qui est le plus souvent, celle que notre entourage a construit en nous. HENRI LABORIT
. Tout commence par une marginalité. Ce qui ne veut pas dire que tout ce qui est marginal est vrai. Mais tout commence ainsi pour ensuite se propager par les moyens de communication, de la contamination, de la diffusion, de l'amplification et de la réflexion. Et je crois que chacun d'entre nous est sommé de tenter de refaire sans cesse son propre départ. Chacun peut trouver dans son être, dans sa réflexion et dans sa conscience la volonté de penser autrement que de façon mutilante. EDGAR MORIN
. Il est bon de noter combien la charge affective des mots: bien-être, joie, plaisir, est différente. Le bien-être est acceptable, la joie est noble, le plaisir est suspect. Ce dernier mot sent le soufre. Alors que pour nous le bien-être apparaît lorsque la pulsion ou l'automatisme acquis sont satisfaits et qu'il s'accompagne de satiété, la joie semble ajouter à cette satisfaction la participation de l'imaginaire et le plaisir, lui, est lié au temps présent, à l'accomplissement de l'acte gratifiant. Il n'est ni plus sale, ni plus laid, ni plus amoral que les deux autres. Qui ne voit que les sens différents qui sont communément donnés à ces mots résultent d'automatismes sociaux et culturels, de jugements de valeurs qui viennent avant tout de la répression sexuelle qui s'est abattue sur les sociétés occidentales pendant des millénaires et dont la cause principale pourrait bien être la crainte du bâtard ignoré, profitant de l'héritage de la propriété privée. HENRI LABORIT
Bonne lecture et à bientôt.
vendredi 21 septembre 2007
Le cent soixante-dix-septième saut de crapaud
une longue ligne blanche assombrit l’horizon
s’exalte dans mille et une nuits
(puis)
au pied d’un catafalque de bronze pourri jusqu’à la moelle
s’étend
une longue ligne blanche noircit les étoiles
satellites éphémères et centrifuges
(puis)
i n e x t i r p a b l e m e n t
glisse sur le dos des aurores boréales
que cueillent au matin les géants désenchantés
une oblongue ligne blanche effiloche l’oued
empêtré dans ses ancres rouillées
(puis)
l a m e n t a b l e m e n t
,d’un souffle éteint, reprend la surface
qu’empoussièrent, fouettés par le vent, les vagues marins
une oblongue ligne blanche confond la neige
choreute enrayée de notes blanches, rondes, noires et croches
(puis)
s y m p h o n i q u e m e n t
catapulte les sons retenus
par des gorges enserrées dans leur cadenas
mince, étendue tout juste au bout d’une couche d’ozone
bleue, étirée d’un pôle à l’autre
l’italique ligne blanche pointille un cilice d’espoir
(puis)
s y s t é m a t i q u e m e n t
immobilise de son formidable coup de pied un ballon couleur d’hélium
Bonne lecture et à la prochaine.
jeudi 13 septembre 2007
Le cent soixante-seizième saut de crapaud
Bon anniversaire, Mathilde.
. J’ai la faiblesse de croire, et peut-être es-tu de mon avis, qu’en prenant les gens pour des idiots, s’ils ne le sont pas encore, ils finissent par le devenir…
. On peut vivre de toutes sortes de façons, mais il y a des façons de vivre qui empêchent de vivre.
. … nous ne sommes pas libres de choisir ce qui nous arrive, mais libres de réagir à ce qui nous arrive de telle ou telle façon.
. La liberté, c’est décider, mais aussi se rendre compte qu’on décide. C’est le contraire de se laisser entraîner.
. Une action n’est jamais bonne par le simple fait qu’elle émane d’un ordre, d’une habitude ou d’un caprice.
. … nous ne sommes pas libres de ne pas être libres, nous sommes obligés de l’être.
. Tout ce que nous retenons fermement trouve toujours le moyen de nous retenir non moins fermement…
. Il n’est pire châtiment que de découvrir que nos propres actes boycottent ce que nous voulons réellement devenir…
. Le premier droit humain est le droit de ne pas être une photocopie de nos congénères, de sortir un peu de l’ordinaire.
. … le maximum que nous puissions obtenir de quoi que ce soit, c’est la joie. La joie c’est un oui spontané à la vie qui jaillit de nous, parfois au moment où nous nous y attendons le moins.
. Puisqu’il est question de choisir, essaie toujours de choisir les options qui t’offrent ensuite le plus large choix possible, pas celles qui te laissent face au mur. Choisis ce qui t’ouvre : les autres, des expériences nouvelles, des joies variées. Évite ce qui t’enferme ou ce qui t’enterre.
Les citations proviennent de l’Éthique à l’usage de mon fils.
lundi 10 septembre 2007
Le cent soixante-quinzième saut de crapaud
Enfants, parents, grands-parents, oncles ou tantes, professeurs de yoga, à la maternelle ou au primaire sont invités à venir y assister en grand nombre.
Grand-mère moderne et dynamique, O’Ma raconte une belle histoire tout en initiant ses petits-enfants à la pratique du yoga. Avec elle et vos petits, découvrez ce qu’est le yoga par le biais de l’imitation et de l’imagerie : un yoga qui prend l’allure de la fantaisie, explore la respiration, le mouvement et la relaxation.
Tout en rêvant et en s’amusant, votre enfant apprendra à s’observer pour se comparer non pas aux autres mais à lui-même. Il développera sa concentration, son équilibre, sa coordination, sa pensée créative et par là même son estime de soi.
* Collection Grand-maman O’Ma
Texte : Loïse Lavallée*** Illustrations : Claudine Gévry****
32 pages 14,95$
** Les Éditions du soleil de minuit, 3560, chemin du Beau-Site, Saint-Damien-de-Brandon (Québec) J0K 2EO, Canada
Télécopieur (514) 744-3164
www.editions-soleildeminuit.com
*** Loïse Lavallée est auteure, linguiste et pédagogue. Également yogini en Kundalini, elle pratique le yoga depuis plus de dix ans, tout en partageant son temps entre Montréal et l’Outaouais.
**** Claudine Gévry a illustré plus d’une quarantaine de livres pour enfants. Elle parcourt le monde à la recherche d’inspiration, aussi souvent que possible, mais son cœur demeure à Montréal où elle a son studio. Elle aime faire la pose de lotus et celle de la chandelle.
lundi 27 août 2007
Le cent soixante-quatorzième saut de crapaud
Ce matin, les citations que le crapaud vous offre pourraient se recouper sous l’expression «en vrac». Elles sont de toutes les époques, déposées dans les cahiers de lecture avec, à la fois un geste automatique, de celui qui remet à plus tard une réflexion plus approfondie, ou encore ce petit coup de cœur ou d’intelligence que l’on ne comprend pas immédiatement mais dont on est certain qu'il y soit.
. Il est toujours plus aisé de voir les illusions du voisin que ses propres errements.
Yvan Illich
. Notre liberté et notre pouvoir d’action se définissent par notre volonté d’assumer la responsabilité de l’avenir. Yvan Illich
. Toute notre connaissance commence par les sens, d’où elle gagne l’entendement et s’achève dans la raison. Emmanuel Kant
. Agis toujours de telle sorte que le principe de ton action puisse devenir universel. Emmanuel Kant
. Il est plus important de comprendre que de savoir qui avait «raison» ou «tort». Bruno Bettelheim
. Ce ne sont pas ces grands événements mais les petits incidents de l’existence quotidienne qui constituent la trame des relations humaines. Bruno Bettelheim
. N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres. Léo Ferré
. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes. Léo Ferré
. Ne posez pas de questions, l’on ne vous dira pas de mensonges. Thomas Hardy
. … le souffle du vent qui s’élevait parfois devint le soupir de quelque âme immense et affligée, enfermée par l’univers dans l’espace et par l’histoire dans le temps. Thomas Hardy
. L’homme est fait pour vivre avec les autres et quand il se retire pour fuir une réalité insupportable, c’est souvent pour y trouver une souffrance plus grande encore que celle à laquelle il a voulu échapper. Colette Portelance
. La vraie liberté est beaucoup plus intérieure qu’extérieure. Et l’homme qui ne se sent pas libre est toujours malheureux et coincé au fond de lui-même. Colette Portelance
. Un homme découvre qu’il s’est trompé à toutes les étapes de sa vie, et il en déduit au bout de son existence qu’il a totalement raison. Extraordinaire conclusion! Robert Louis Stevenson
. L’espoir est si fort qu’il a vaincu la peur. Robert Louis Stevenson
. Chacun savait quel couteau remuer dans la douleur de l’autre. Yann Queffélec
. Chacun d’entre nous porte en lui-même des milliers de gens. À force de fouiller en soi, on trouve tout ce qu’on pourrait être si les circonstances nous y forçaient. Yann Queffélec
. La rencontre de phénomènes qui les subjuguent par leur grandeur démesurée donne aux hommes des figures de vaincus. André Langevin
. Sans qu’il s’en soit bien aperçu, il a sensiblement modifié ses rapports avec les êtres et ce qu’il appréhendait d’instinct s’est produit : il ne connaît plus aucune certitude. André Langevin
vendredi 24 août 2007
Le cent soixante-treizième saut de crapaud
Comment résister, une fois dit que le crapaud y est plongé totalement, à ne pas vous offrir quelques magnifiques phrases tirées de ALEXIS ZORBA, de l’auteur crétois Nikos Kazantzaki.
Elles se présentent toutes seules, sans commentaires. Les voici :
. Le vieux monde est palpable, solide, nous le vivons et luttons avec lui à chaque instant, il existe. Le monde de l’avenir n’est pas encore né, il est insaisissable, fluide, fait de la lumière dont sont tissés les rêves, c’est un nuage battu par des vents violents – l’amour, la haine, l’imagination, le hasard, Dieu… Le plus grand prophète ne peut donner aux hommes qu’un mot d’ordre et, plus ce mot d’ordre sera imprécis, plus le prophète sera grand.
. J’étais heureux, je le savais. Tant que nous vivons un bonheur, nous le sentons difficilement. C’est seulement quand il est passé et que nous regardons en arrière que nous sentons soudain – parfois avec surprise – que nous étions heureux. Mais moi, sur cette côte crétoise, je vivais le bonheur et savais que j’étais heureux.
. Je remplirais ma chair d’âme. Je réconcilierais en moi, enfin, ces deux ennemies séculaires…
. La vie, c’est un embêtement, poursuivit Zorba; la mort, non. Vivre, sais-tu ce que ça veut dire? Défaire sa ceinture et chercher la bagarre.
. Comme toutes ces choses, qui m’avaient jadis tellement fasciné, me parurent, ce matin-là, n’être que hautes acrobaties charlatanesques! Toujours, au déclin de toute civilisation, c’est ainsi que s’achève, en jeux de prestidigitateur, pleins de maîtrise – poésie pure, musique pure, pensée pure – l’angoisse de l’homme. Le dernier homme – qui s’est délivré de toute croyance et de toute illusion, qui n’attend plus rien, ne craint plus rien – voit l’argile dont il est fait, réduite en esprit, et l’esprit n’a plus rien où jeter ses racines pour sucer et se nourrir. Le dernier homme s’est vidé; plus de semence, plus d’excréments, ni de sang. Toutes choses sont devenues mots, tous les mots jongleries musicales. Le dernier homme va encore plus loin : il s’assied au bout de sa solitude et décompose la musique en muettes équations mathématiques.
. Le rythme infaillible de l’année, la roue tournante du monde, les quatre faces de la terre, qui l’une après l’autre, sont éclairées par le soleil, la vie qui s’en va, tout cela me remplit de nouveau d’un trouble oppressant. De nouveau retentissait en moi, avec le cri des grues, le terrible avertissement que cette vie est unique pour l’homme, qu’il n’y en a pas d’autre et que tout ce dont il peut jouir, c’est ici qu’on en jouira. Il ne nous sera donné, dans l’éternité, aucune autre chance.
Un esprit qui entend cet avis impitoyable – et en même temps si plein de pitié – prend la décision de vaincre ses mesquineries et ses faiblesses, de vaincre la paresse, les grandes espérances vaines et de s’accrocher, tout entier, à chacune des secondes qui fuient à jamais.
. - Et quel est ton plat préféré, grand-père?
- Tous, tous, mon fils. C’est un grand péché de dire : ça c’est bon, ça c’est mauvais!
- Pourquoi? On ne peut pas choisir?
- Non, pour sûr, on ne peut pas.
- Pourquoi?
- Parce qu’il y a des gens qui ont faim.
. … l’éternité est chacune des minutes qui passent.
. L’idée, c’est tout, dit-il. Tu as la foi? Alors une écharde de vieille porte devient une sainte relique. Tu n’as pas la foi? La Sainte Croix tout entière devient une vieille porte.
. L’homme, l’infortuné, a élevé autour de sa propre petite existence une haute forteresse inexpugnable, prétend-il; il s’y réfugie et s’efforce d’y apporter un peu d’ordre et de sécurité. Un peu de bonheur. Tout y doit suivre les chemins tracés, la sacro-sainte routine, obéir à des lois simples et sûres. Dans cet enclos fortifié contre les incursions violentes du mystère, se traînent, toutes-puissantes, les petites certitudes aux mille pattes. Il n’y a qu’un seul ennemi formidable, mortellement redouté et haï : la Grande Certitude. Or, cette Grande Certitude avait maintenant franchi les murailles et s’était ruée sur mon âme.
. Les hommes se rencontrent et se séparent comme les feuilles que chasse le vent; en vain, le regard s’efforce de retenir le visage, le corps, les gestes de l’être aimé; dans quelques années on ne se rappellera plus si ses yeux étaient bleus ou noirs.
Si Nathan avait su (12)
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